Snowpiercer
Super, un nouveau film de Bong Joon-ho ! Dans le futur, un train avance à toute allure avec ce qui reste de l'Humanité à son bord. On se régale bien sûr mais cette fois il y a quelques aspects didactiques qui ne nous semblaient pas vraiment nécessaires.
On suit la carrière de Bong Joon-ho avec attention. Et pour cause le cinéaste coréen se bâtit une solide filmographie touchant à tous les genres avec comme toile de fond la société de son pays. Cette fois, le sujet est international et prend la forme d'une fable de science-fiction.
Amusant de constater que, peu après la sortie de Gravity (Alfonso Cuaròn, 2013), qui voyait les héros être perdus dans l'espace et chercher à retrouver leur navette, voici Snowpiercer dont les personnages sont confinés dans un train qu'ils aimeraient bien quitter. De la part de l'auteur de The Host (2006) et de Mother (2010), on ne pouvait qu'attendre un spectacle de qualité. Elle est au rendez-vous. Dans cette adaptation de la bande-dessinée Le Transperceneige (Jacques Lob et Jean-Marc Rochette – 1983), l'humanité s'est trompée dans les doses et, en voulant lutter contre le réchauffement climatique, a fait entrer le monde dans une nouvelle ère glaciaire. La seule chance de survie est de vivre dans un train qui fait le tour de monde et qui, afin de produire l'énergie nécessaire, ne s'arrête jamais.
Faute de budget hollywoodien – le film au casting international est une production 100 % coréenne –, les plans extérieurs n'égalent pas les prouesses technologiques des blockbusters américains mais proposent tout de même quelques scènes décoiffantes. Mais le cœur du long-métrage se trouve, et c'est tant mieux, dans le train. A sa tête, Wilford (Ed Harris), le concepteur de la machine, et la population la plus aisée. A sa queue, une population pauvre et opprimée. Parmi elle, Curtis Everett (Chris Evans) prépare discrètement l'insurrection aidée par le jeune Edgard (Jamie Bell) et Gillian (John Hurt). Or, jour de la bataille approche. Boog Joon-ho ne perd rien de son goût pour le grotesque qu'il maîtrise toujours autant et le personnage outrageux de Mason (Tilda Swinton, excellente) en est le porte-étendard. Le film offre aussi quelques scènes particulièrement curieuses qui ne sont pas le signe d'un quinzième degré de connivence avec le spectateur mais de vrais morceaux d'humour un peu malsain (on pense parfois aux films américains de Paul Verhoeven). Ainsi, lors d'un épique affrontement entre les insurgés et une armée de bourreaux équipés de haches, le combat s'arrête pour fêter la nouvelle année (qui correspond au passage toujours assez dangereux d'un pont gigantesque). Le réalisateur fait aussi preuve d'une grande dextérité dans la gestion de son espace et ne soumet jamais son spectateur à la démonstration technique du genre « vous ne verrez que le profil droit des insurgés jusqu'au générique de fin parce qu'on est dans un train ». Il s'amuse, une fois les barrières carcérales franchies, à créer des petits espaces de vies luxueux souvent vraiment beaux.
Mais, surtout, le film se veut un discours social très pessimiste ainsi que l'invite le sujet et le train paraît une évidente métaphore du monde actuel. Et si jusqu'à présent, le talentueux cinéaste savait dire les choses, il nous a cette fois paru bien didactique. Son final, qui voit se succéder le récit des motivations de Curtis puis celles de Wilford, prend la main du spectateur pendant de longues minutes. Certes, il faut bien que la confrontation entre l'élu et le grand manitou arrive – ce d'autant plus que le film réserve le dévoilement de quelques secrets (dont les indices disséminés tout au long de la traversée mettent rapidement la puce à l'oreille du spectateur). Mais force est de constater que le monologue du méchant fait doublon avec tout ce qui a été vu avant. Finalement, on lui préfère le personnage plus silencieux de Namgoong Minsoo (Song Kang-ho), expert en sécurité qui va ouvrir les portes aux insurgés et accro au kronol (une sorte de crack du futur), élément difficilement contrôlable et qui rêve d'évasion.
nolan
Note de nolan : 3
Note d'Antoine Rensonnet : 4
Snowpiercer – Le Transperceneige (Bong Joon-ho, 2013)
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