Interstellar : l'amour chez les humains et l'humour chez les robots
Malgré les quelques E=M6 que j'ai vus étant plus jeune, je n'ai rien compris au bla-bla scientifique d'Interstellar. Je n'ai pas non plus compris pourquoi la partie mélo des familles ne marchait pas bien. Je n'ai pas compris non plus pourquoi l'humour du film était seulement réservé aux robots. Christopher, fais une comédie. Je serai le seul à aller la voir, mais j'irai la voir, promis.
Matthew Mcconaughey et Mackenzie Foy au bureau des pleurs
Réflexions pointues sur films obtus
Il ne sera pas question ici de parler des immenses efforts de capillotractage métaphysique déployés par Christopher Nolan dans son mélodrame interstellaire. Reconnaissons en aparté que le film aurait été parfaitement agréable en retirant la moitié des dialogues et en limitant les scènes de chialeries face caméra qui finissent de faire disparaître quelques moments émouvants et font passer les films de Steven Spielberg pour les plus austères opus bergmaniens.
Alors que le Dr Brand (Anne Hathaway) s'apprête à prendre un rouleau n'importe comment TARSE vient lui donner un coup de main
Mais la grande question du film, c'est la capacité à l'humanité à survivre. Et si le mensonge, un des piliers fondamentaux de la race humaine et thème fétiche du cinéaste britannique, fait partie des aspects de sa dissertation, c'est surtout d'amour dont il va être question. Autant être honnête, on n'a pas plus compris où Christopher Nolan voulait en venir que lors des discussions scientifiques pour savoir si ça passe ou ça casse si on tourne à gauche plutôt qu'à droite (1). Mais entre quelques suspenses hyper spectaculaires dont le cinéaste a le secret et quelques images fascinantes, le spectateur que nous sommes a pris le temps de s'interroger sur une question fondamentale du film et jusqu'à présent traitée par personne (2) : l'humour.
En plus de 30 000 hectolitres de larmes versés, Interstellar a aussi recours à un nombre conséquent de tableaux pour expliquer des trucs (ici le traditionnel tableau noir accompagné de Jessica Chastain)
L'amour est l'apanage de l'être humain et le film insiste là-dessus. Mais les quelques traces d'humour – dont nous sommes plutôt friands dans l'univers nolanien contrairement à la majorité écrasante de ses aficionados et ses détracteurs (3) – sont entièrement réservées aux robots. Pas un humain ne fait une bonne vanne. Cooper et sa famille alignent les bides quand ils font de l'esprit, là où les robots s'amusent du paramétrage humoristique de leur propre programmation. D'aucuns y verront une variante du sidekick (souvent Noir) des films d'actions des années 1980, forme ultime de condescendance à l’égard d'une minorité. Pourtant, le détachement dont font preuve les deux robots et le jeu de non-dits qui en ressort – en particulier chez le très bavard TARS (voix de Bill Irwin) – interroge sur les motivations réelles du cinéaste. Nolan aurait-il caché un propos derrière cette dichotomie entre robots détachés et humains surplombés ? Vient en tête une des répliques du premier OSS 117 (Michel Hazanavicius, 2006) ; Slimane (Abdallah Moundy) qui travaille pour Noël Flantier alias Hubert Bonisseur de la Bath alias OSS 117 (Jean Dujardin) se demande à propos de ce dernier : « Je n'arriverais jamais à savoir s'il est hyper intelligent ou s'il est complètement con »
nolan
TARS en raconte une bonne avec un prêtre, un rabbin et un imam (scène coupée) puis un jeu de mots sur le "trou noir" (scène coupée également).
Commenter cet article