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Les Nouveaux Sauvages

13 Février 2015 , Rédigé par nolan Publié dans #Critiques de films récents

Ricardo Darin vert de rage (ici en bleu)

Ricardo Darin vert de rage (ici en bleu)

Les Nouveaux Sauvages (Damiàn Szifron, 2014)

 

Les Nouveaux Sauvages est un film à sketches très efficace. Il est drôle, flirte faussement avec la démagogie et restitue toujours très bien cette rancune tenace qui nous distingue de l'animal, cette volonté intrinsèque de vengeance pour soulager ses petits et grands traumas. Damiàn Szifron organise une belle montée en puissance qui culmine avec l'histoire du fils à papa, jeune chauffard protégé par sa famille. L’excellente gestion du tempo évite baisses de rythme et engorgements. Le dernier sketch, en forme de feu d'artifice final, apparaît cependant plus poussif. S'attaquant au mariage, il a tendance à durer. Et si le ton ultra-grossier passait auparavant, il est cette fois un peu pesant. Dans le même genre, on préfèrera, malgré ses limites, la première partie de Melancholia (Lars Von Trier, 2011).

Les Nouveaux Sauvages critique peut-être aussi la société argentine. L'œuvre y oppose dans tous les cas la bourgeoisie et le milieu modeste sans d'ailleurs faire preuve de plus grande bienveillance pour les opprimés. Bien sûr, Bombita, qui conte l'histoire d'un démineur qui râle contre l'administration, célèbre avec un brin de mauvais esprit une forme de populisme. Le héros (Ricardo Darin) est toutefois un pro de la victimisation assez fatigant.

Au final, Les Nouveaux Sauvages est un film amusant, bien construit et qui réveille quelques souvenirs de mordants films italiens – dont Les Nouveaux Monstres (Mario Monicelli, Dino Risi et Ettore Scola, 1977).

 

nolan

 

Note de nolan : 2

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S
Personnellement, mon sketche préféré est celui de la bagarre homérique et absurde des deux conducteurs dans le désert. La gestion de l'espace est très maîtrisée (nous faisant étouffer dans un lieu ouvert), la tension entre les deux personnages progresse pour atteindre une folie furieuse délirante et le final est une merveille d'humour noir.<br /> <br /> En revanche, l'histoire du jeune chauffard protégé par sa famille m'a semblé moins intéressant par son traitement somme toute plus classique.<br /> L'histoire de Bombita est pour le coup plus drôle et jouissive : loin d'être populiste elle opère une vraie catharsis envers le racket, le mensonge et la mauvaise foi de certaines entreprises privées ou de l'administration publique (par exemple, il y a des bombes qui se perdent chez certains opérateurs téléphoniques...)
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N
Celui dans le restaurant est un peu bizarre. Plus ambigu que les autres d'ailleurs. En effet les moments comiques dans ce sketch sont assez rares.
S
Le moment où le père découvre qu'il se fait sucer la moelle de toute part est effectivement très drôle. Le sketch le plus faible reste, à mon sens, celui de l'assassinat dans le restaurant.<br /> Ce qui est intéressant c'est que chacun à leur manière ne déclenchent pas l'hilarité grasse mais un rire grinçant savamment dosé.
N
Je suis d'accord sur la gestion de l'espace du sketch des deux chauffards. Celui du jeune fils à papa m'a paru très bien réalisé avec ce monde dans le monde qu'est la propriété du millionnaire. Quand le sketch vire au concours du plus vorace financièrement et que d'un seul coup, le dilemme moral disparaît, j'ai trouvé cela ignoble et très drôle. Un rire jaune assez tranchant. Une caricature certes mais pas malhonnête.
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