American Sniper
American Sniper (Clint Eastwood, 2014)
La première partie du film de Clint Eastwood est convaincante. De manière hollywoodienne, il semble mettre en scène le dilemme moral du héros face à la barbarie quand celui-ci met en joue un enfant Irakien armé. La tension est à son comble. Flashback sur la « naissance du héros ». La narration, classique et maîtrisée, esquisse un destin qui s’annonce hors du commun. Cette introduction se conclut par un retour au présent sec et clinique, tout à fait glaçant.
Super soldat, grosse barbaque binaire, le Chris Kyle de Clint Eastwood incarné par Bradley Cooper n'est pas à proprement parler un type sympathique. Son addiction aux actes de guerre fait penser aux Démineurs de Kathryn Bigelow (2009). Plus à l'aise en Irak que dans son Texas natal, il oublie sa famille dont il ne semble pas douter qu'il protège les intérêts comme le souligne, souvent lourdement, les scènes avec sa femme (Sienna Miller). Kyle est aussi redoutable qu'efficace. Montrant souvent le sniper dans son bon droit, Eastwood, sur le fil, veut se garder du pacifisme béat comme du discours va-t’en guerre. Ce n'est pas toujours réussi, par exemple lorsque le cinéaste établit un parallèle entre l'action d'un Arabe très méchant – le Boucher (Mido Hamada), tout un programme – qui massacre les pipelettes et un Chris Kyle plus noble qui conclut un deal avec un Irakien finissant tout de même sous les balles mais après avoir eu le choix… Surtout c'est une absence de point de vue, sous couvert d’objectivité, qui se fait jour à mesure que le film avance. Ce qui est tout de même assez étonnant venant de l'auteur d'Impitoyable (1990).
Enfin, Kyle a une Némésis, un stupéfiant sniper Syrien (Sammy Sheik), très classe, aérien, bref le super méchant du superhéros. Kyle, épris de vengeance, met alors l'ensemble de la troupe en danger pour vaincre son ennemi. Mais comme le cinéaste se garde d'y adosser un propos, se pose la question de l'intérêt du film au-delà de ses qualités intrinsèques de divertissement.
Note de nolan : 2
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