21 Jump Street : une mauvaise idée peut-elle donner un bon film ?
Ouh la la, encore une adaptation de série sur le ton parodique. Ouh la la encore une adaptation d'une série sans intérêt. Ouh la la, encore un buddy movie comique qui parodie les buddy movies un peu comiques. Ouh la la, encore un film américain qui a l'air pourri bien noté dans les Inrocks. Ouh la la, mais pourquoi je suis dans cette salle ? Ouh... la... la.
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Réflexions pointues sur films obtus
Une mauvaise idée peut-elle donner un bon film ?
Voilà une question encore jamais abordée dans cette rubrique. Ce, à notre grand étonnement, puisqu'elle peut se poser pour les nombreux films obtus vus depuis tant d'années. 21 Jump Street, le film, est basé sur un concept super idiot et a reçu (quelques) bonnes critiques qui m'ont laissé croire que j'allais, au minimum, bien me marrer. Et bien non. Comme ce n'est pas la première fois que ça arrive (et qu'Antoine aborde plus sérieusement – mais plus rapidement – la décisive question dans sa sévère critique de Prometheus), il faut tâcher de répondre : non, une mauvaise idée ne donne pas un bon film. Ce n'est pas possible.
J'ai écrit sur ce film surtout pour mettre cette photo qui me fait beaucoup rire
(mais la scène ne figure pas dans le montage final)
« D'un projet foireux, il ne sort rien de glorieux »
Jean V'laJean à Claudette in Les Miséreux (Patrick Hugo, frère méconnu de Victor, 1863)
L'idée d'adapter la série 21 Jump Street (Stephen J. Cannell 1987-1991) dont le seul intérêt est d'avoir mis le pied à l'étrier à Johnny Depp, n'est en soi pas mauvaise (mais pas bonne non plus hein?!) mais celle de Jonah Hill (acteur et producteur) de tenter de refaire le coup de Superbad (Judd Appatow, 2008) par le biais du pastiche de buddy movie se révèle au mieux indigeste, au pire, opportuniste. Ça sent le truc pas frais, quoi.
Il faut donc mélanger le concept de la série originale (des flics qui font assez jeunes pour s'infiltrer chez cette sale race de voyous : les lycéens) avec la bromance sur fond de gags régressifs. Comme dans Superbad, des flics vont trouver un moyen de revivre pendant quelque temps leur jeunesse. Mais, dans le film d'Appatow, l'action se resserrait sur une nuit, dans le cadre de la supercherie inverse, plus simple et pourtant beaucoup plus amusante, et ne représentait qu'un aspect de l'histoire. Cette fois, il faut une enquête policière ultra-poussive qui n'intéresse absolument personne sauf lorsque Johnny Depp fait une apparition désolante (même si on peut constater qu'il a à peine vieilli en 25 ans). Quasiment tout est nul, les gags sont repassés, le langage est presque poli, le rythme mollasson. Mais il ne pouvait en être autrement puisque le concept de la comédie policière semble être quelque chose de méconnu pour Jonah Hill, qui croit peut-être la faire découvrir aux nouvelles générations ou, plus probablement mais plus tristement, qui aime l'argent facile.
Il y a bien Channing Tatum qui, en débile musclé, tire parfois son épingle du jeu. Lui (aussi) il y a cru...
nolan
21 Jump Street (Phil Lord, Chris Miller, 2011)
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