Non ma fille, tu n'iras pas danser
Léna, la trentaine, part avec ses deux enfants chez ses parents en Bretagne. Elle retrouve sa petite sœur, son petit frère… et son ex-mari -invité par la maman- qui n’a pas vu ses enfants depuis que Léna est partie un beau matin sans se retourner. Sa famille lui veut tellement de bien qu'elle lui fait du mal.
Christophe Honoré filme avec délicatesse et acuité le mal-être. En particulier cette mélancolie qui paraît propre à la jeunesse de ses protagonistes. Dans ces films, les plus âgés, plus ou moins résignés, plus ou moins rétablis de leurs fantasmes passés (Guy Marchand Dans Paris, 2006, Marie-Christine Barrault dans ce film, …) sont faces à de jeunes adultes pas toujours sortis de l’adolescence (Louis Garrel dans les quatre derniers, Romain Duris Dans Paris) partagés entre la vie d’adulte tendue vers des positions raisonnables et leur refus de céder au compromis.
Léna (Chiara Mastroianni) est l’un de ces personnages. Dans la première comme dans la deuxième partie du film, elle reste fidèle à sa volonté de femme libre mais qui assume son rôle de mère : ne pas rester avec le mari infidèle (qu’elle aime) mais rester avec ses enfants ; ne pas se faire dicter sa conduite par sa mère -la Mère-, mais néanmoins attendre d’elle le soutien qu’il lui faut absolument...
Léna est dans la merde mais Léna ne plie pas pour s’en sortir (quitte à se rompre). Sa famille (et le spectateur) ne comprend pas cette attitude frondeuse, un peu immature dans la première partie (assez drôle) avant de décourvrir, dans la seconde, l'étendue de sa détresse et la force incroyable qu’elle développe pour ne pas tomber dans la médiocrité.
Léna a besoin d’aide mais pas de celle qu’on lui propose, et l’accepter, c’est passer l’arrangement auquel jusqu’à la fin elle ne cédera pas. Le conte qui coupe le film en deux ne raconte pas autre chose.
Elle part, complexe, bourrée de contradictions, en proie au doute mais fidèle à elle-même.
J'ai beaucoup aimé les relations amour-haine qu'elle entretient avec sa soeur (Marina Foïs), sa mère (Barrault), son mari et ... tout le monde en fait. Ces passages rapides d'un état à l'autre (symptomatique, il me semble, de l'état depressif) qui se traduisent d'ailleurs par des scènes alternant le comique et le tragique.
D’habitude concentré sur les mecs, Honoré change de sexe sans perdre un poil de sa clairvoyance. Chiara Mastroanni est géniale, Marina Foïs est géniale, Marie-Christine Barrault également.
nolan
Marina Foïs qui dit à Chiara Mastroianni que je les trouve géniales
Non ma fille, tu n'iras pas danser (2009), de Christophe Honoré
Note de nolan : 4
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