Adieu Berthe
A défaut de la grosse barre de rire qu'était Liberté Oléron (2001), Adieu Berthe est une comédie qui se révèle vraiment lors d'une escapade poétique et mélancolique dans une maison de retraite. Le film s'accorde alors aux tours de magie un peu désuets qu'il évoque : fragiles mais charmants.
Denis et Bruno Podalydès
La première partie de la dernière œuvre de Bruno Podalydès est une déception. Ce n'est pas tant que les gags ne marchent pas – globalement, ils font mouche – mais ils sont loin de la puissance de feu des précédents opus du réalisateur, à l'exception notable de Bancs Publics (2009) qui souffrait de cette même faiblesse. Au moins avons-nous droit à une comédie correcte aux personnages attachants. Comme toujours, Podalydès Bruno confie le premier rôle à son frère Podalydès Denis qui interprète ici Armand, partagé entre deux femmes, la sienne – Hélène (Isabelle Candelier) – et sa maîtresse – Alix (Valérie Lemercier). Armand a bien du mal à choisir et ne peut pas compter sur sa femme pour faire le boulot à sa place, Hélène ne pouvant se résoudre à le quitter. Puis Berthe meurt. C'est sa mémé dont il avait un peu oublié l'existence, mais tout de même moins que son père (Pierre Arditi dont chaque apparition est hilarante), malade d’Alzheimer.
Valérie Lemercier et Denis Podalydès
Le film présente le business de la mort à travers deux croquemorts : le premier (Michel Vuillermoz) à la tête de pompes funèbres ultra modernes, le second (Bruno Podalydès qui s'attribue systématiquement ce genre de rôle) à la tête d'une petite affaire (Obsécool – « Hop c'est fait, mais cool ») plus bricolée que bien organisée. Mélangé aux atermoiements d'Armand, le film déroule sans être désagréable et provoque quelques éclats de rire (comme la sortie de route ultra grossière et réussie d'Alix qui finit par hurler dans un cimetière « Pète un coup Mémé, sors ta bite et nous fais pas chier »). Mais le cinéaste peine à faire décoller son film et lorsque le sentiment qu'il tourne en rond pointe le bout de son nez, voilà-t-y pas qu'il nous fait le coup du road movie (une escapade amoureuse et campagnarde des deux amants). Certes, le cadre promis par Armand est loin d’être romantique (ils voyagent dans un fourgon funéraire avec les deux dirigeants – et uniques employés – d'Obsécool à destination de la maison de retraite de Berthe), mais nous craignons la béquille scénaristique pour relancer le rythme. Faux. D'une part, le voyage tourne court, c'est seulement un autre décor, une longue parenthèse qui s'ouvre. Temporelle plus que locale, Alix et Armand découvrent dans la chambre de Berthe des correspondances entre celle-ci et son amour perdu alors qu’un onirisme léger et du meilleur goût s'installe au cœur du film et d'Armand. Cette nouvelle direction donne une toute autre dimension au film, un ton mélancolique qu'il ne quittera plus même lorsque les amants décident de cramer le cadavre d'un pauvre mulot. Pour le meilleur, puisque le long métrage se recentre complètement sur Armand et le final – la cérémonie funéraire – se révèle un excellent dosage entre loufoquerie (les apéritifs proposés par un Arditi complètement aux fraises) et une indéfinissable amertume amoureuse mélangeant aussi bien l'amour perdu de Berthe que celui – retrouvé ? – d'Armand.
Note de nolan : 3
Adieu Berthe (Bruno Podalydès, 2012)
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