Animal Kingdom
Animal Kingdom est un film complètement inégal. Il alterne quelques passages parfaitement réussis avec des lourdeurs scénaristiques patentes. Le film pâtît aussi de la comparaison avec de récents films de gangsters familiaux.
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Maman (Jackie Weaver), fiston (Joel Edgerton)
et, en arrière plan, copine et petit fils (Laura Whellwright sur James Frecheville)
Tout commence bien dans le premier film de David Michôd : à Melbourne, Josh (James Frecheville) a 17 ans quand sa mère fait une overdose fatale dans son canapé. Il est un peu lent et renfermé. Il est recueilli par sa grand-mère Janine (Jackie Weaver), alors fâchée à mort avec sa fille depuis des années. Janine Cody vit en quasi symbiose avec ses quatre fils, une bande de braqueurs sur le déclin. La brigade anti-gang abat en toute illégalité le plus intelligent d'entre eux, Baz (Joel Edgerton) qui a petite vie de famille pépère et a réussi de fructueux investissements boursiers. La fratrie Cody ne va pas manquer de se déliter, tirée d'une part par le psychotique Pope (Ben Mendelston) qui va se venger aveuglement sur des flics de base et, d'autre part, par Janine qui cherche par tout les moyens à préserver ce qui lui reste de famille. Et ce, d'autant plus que l'inspecteur Leckie (Guy Pearce), rare policier droit dans ses bottes, tente avec finesse de faire flancher Josh, témoin passif des agissements des frérots.
Impossible de ne pas penser à quelques récents films de gangsters familiaux : le très faible The Town (Ben Affleck, 2010) mais surtout le très réussi Un Prophète (Jacques Audiard 2009), film aux thématiques très proches. On se doute que ces œuvres ont subi les mêmes influences : on pense bien sûr aux magnifiques The Yards de James Gray (2000) et à Mystic River de Clint Eastwood (2002) et, plus généralement à l'inévitable série des Parrain de Francis Ford Coppola (1972, 1974 et 1990) mais le résultat est ici bien différent et finalement assez décevant. Nous faisons face à des personnages dont la construction laisse à désirer : aussi le réalisateur échoue à présenter la grande ambivalence de Pope, à la fois petit animal apeuré et prédateur sans pitié, à nous faire partager l'évolution de Josh, semi-débile au début puis une fois déniaisé, manipulateur astucieux, à nous faire avaler la stupéfiante naïveté de la petite amie de Josh (Laura Wheelwright). Pour d'autres, c'est excellent, l'inspecteur Leckie, futé mais dépassé, Baz, aux caractéristiques similaires et surtout Janine, matriarche assez fascinante et dont la complexité est plutôt bien rendue.
Au rayon des petits défauts toujours un peu agaçants, nous noterons une utilisation des ralentis pas toujours très heureuse et cette volonté superflue de présenter la vie de famille hors du cadre de la fratrie notamment celles de Baz et de Leckie.
Du côté des réussites qui sauvent le film du ratage, on remarquera l'introduction parfaitement réussie, aidée par une scène d'ouverture efficace et la conclusion maline mais pas roublarde, le tout soutenu par un casting impeccable.
Mais quitte à aller voir un film estampillé "Sundance", on recommandera sans hésiter l'excellent Winter's Bone (Debra Granik, 2010).
nolan
Note de nolan : 2
Animal Kingdom (David Michôd, 2010)
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