Argo
Bien qu’il appuie peut-être un peu trop ses scènes de tension, le film de Ben Affleck est assez bien construit, bien décoré, correctement joué. Argo manque cependant d'un point de vue. Pas politique mais cinématographique.
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Ben Affleck et Bryan Cranston
Sans doute Ben Affleck a-t-il les mêmes goûts cinématographiques que nous. Notamment un intérêt certain pour les films d’Eastwood (voir The Town en 2010 ou Gone Baby Gone en 2007) mais également de Pakula (Les Hommes du Président - 1976, directement cité à travers un travelling dans l'open space de la CIA), Lumet, Pollack et Coppola. On pense surtout à Spielberg et son récent Munich (2005). Mais le cinéaste aussi attentif soit-il à faire du bon travail (et, il faut le reconnaître, son film, moins cul cul que le précédent, se suit sans déplaisir aucun) n'a absolument aucun point de vue. Il ne s'agit pas tant de dénoncer telle ou telle action politique mais, à tout le moins, à partir d’un tel scénario – une « histoire vraie » qui raconte le transfert rocambolesque de diplomates américains cachés par l'ambassade du Canada en Iran –, d'interroger le rôle des diplomates dans un pays en crise, de s'amuser du plan incongru qui a été retenu ou de faire un choix de mise en scène (épique ou sec, baroque ou expérimental…). Le réalisateur ne sait pas quoi faire de son (bon) scénario, ce qui était déjà le défaut de Gone Baby Gone. En ajoutant des éléments familiaux pour donner une épaisseur à son personnage principal et souligner ses atermoiements, il n'offre qu'une version super-light des tourments du héros de Munich. Soudain, dans les dernières vingt minutes, Affleck prend une décision, son final sera un monument de tension. Et l'on se prend à regretter de lui avoir reproché son manque de propos cinématographique. Si la sauce prend au premier suspense, on se demande pourquoi le film nous ressert cinq fois de suite la même soupe. Surtout lorsque le spectateur sait comment ça se finit.
Note de nolan : 2
Argo (Ben Affleck, 2012).
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