Astérix et Obélix : Au service de sa Majesté
Le dernier opus des aventures d'Astérix et Obélix n'est pas si mal. La réalisation est pataude et sans audace mais les interactions entre les personnages sont réussies, en particulier celles entre les deux héros, ce qui est une première dans les films live.
Edouard Baer et Gérard Depardieu
De Laurent Tirard, nous avons vu presque tous les films. Et si l'audace ne fait absolument pas partie de ses qualités (voir la très sage et peu charmante adaptation du Petit Nicolas en 2008), il faut lui reconnaître un soin particulier pour l'écriture des dialogues, le rythme de ses films et le choix des acteurs (Mensonges et trahisons et plus si affinités en 2003 était à ces différents titres assez savoureux). Il ne change rien en prenant les rênes de la quatrième aventure live d'Astérix. Toutefois, c'est la platitude de la mise en scène qui saute aux yeux(1). La plupart des gags visuels sont ainsi pauvres et on doute fortement qu'ils puissent déclencher l'hilarité chez les enfants qui constituent la cible principale de ces numéros. Quoique nous n’ayons pas vu le troisième (Frédéric Forestier et Thomas Langmann, 2008), que notre souvenir du premier (Claude Zidi, 1999) soit aussi vague (et mauvais) que celui du second (Alain Chabat, 2001) excellent, il nous semble que les premiers épisodes d’Astérix, malgré des effets spéciaux pas terribles, réussissaient à offrir un grand spectacle. Ici Laurent Tirard y échoue (en apprenant que le film a coûté 62 millions d'euros, on se demande bien où a pu passer tout cet argent…).
Cependant le long métrage s'avère agréable, le réalisateur n'ayant rien perdu de son talent de directeur d'acteurs. Surtout, il parvient à créer une véritable alchimie entre Astérix (Edouard Baer) et Obélix (Gérard Depardieu), ce qui n'avait jamais été vraiment le cas. Christian Clavier n’y était pas fondamentalement pour grand-chose mais n’avait jamais disposé de la liberté nécessaire pour inventer son Astérix. Son successeur, Edouard Baer, a ici les coudées franches et peut livrer son interprétation toute personnelle d’un petit gaulois un peu frustré. Depardieu, lui, est Obélix et est génial. Le reste du casting est à l'avenant : Lucchini en César looser qui tombe sous le coup d'un audit de ses dépenses, Vincent Lacoste en Goudurix jeune tête à claque aux répliques bien senties... Même Dany Boon en Normand éduqué aux bonnes manières à la Orange Mécanique (Stanley Kubrick, 1971) nous fait sourire. Ainsi les dialogues sont-ils soignés et certaines expressions sont même fidèlement retranscrites des albums scénarisés par René Goscinny. Enfin, le thème de l'amour, assez casse-gueule, est plutôt bien traité (nous avions peur de voir une adaptation du faussement féministe La Rose et Le Glaive – Albert Uderzo, 1991). Bref, cela reste bien sage et assez loin de l'opus de Chabat mais ce n’est pas trop mal.
nolan
Note de nolan : 2
Astérix et Obélix : Au service de sa majesté (Laurent Tirard, 2012).
1 Nous n’avons pas vu le film en 3D mais le réalisateur semble l’avoir essentiellement utilisée pour augmenter l’effet des baffes obélixiennes et de la potion magique sans guère jouer sur la profondeur de champ.
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