Cloud Atlas
Un bon film d'aventures, c'est finalement assez rare pour être souligné. Avec rigueur et savoir-faire, les trois réalisateurs de ce gros film de trois heures ont su proposer un spectacle à la fois classique et innovant.
Ben Wishaw
Le propos de Cloud Atlas est inattaquable : l'homme doit se soulever contre toute forme d'oppression. Il est également sans intérêt. Nous n'avons pas vu dans le blockbuster de réflexion philosophique passionnante (peut-être est-ce dû à notre inculture dans ce domaine et notre hermétisme à Nietzsche auquel il semble, avons-nous lu, être fait référence). Et nous ne donnions pas cher de la peau des Wachowski, au creux de la vague, à l'instar d'une partie de leur casting (Tom Hanks, Halle Berry, Hugh Grant), qui ont perdu ces derniers temps de leur valeur commerciale. Le film semblait se donner de grands airs et paraissait déjà dépassé avant d'être sorti. Toutefois le spectacle est de grande qualité.
La grande force du film tient d’abord à sa grande fluidité. Entremêlant six histoires et six époques, le métrage ne perd non seulement jamais son rythme mais fait de ce montage un véritable attrait. Ainsi, la sensation de tourbillon est parfaitement rendue et le spectateur ne perd jamais l'intérêt pour cet entrelacs d'histoires y compris pour les segments plus faibles, notamment celui de 1972 surtout porté par le charme évident de Halle Berry en intrépide reporter. Aussi, si nous ne pouvons nous empêcher de distinguer les parties des autres (notre préférée étant celle du jeune compositeur homosexuel et dépressif – Ben Whishaw), l'ensemble conserve une grande cohérence. Nous arrivons même à pardonner le trop grand manque de clarté de certains passages (ainsi la solution trouvée par l’Halle Berry post-apocalypse pour sauver les siens[1]…). Mieux, c'est ici la science du récit qui constitue les cascades les plus spectaculaires[2]. L'aspect ‘‘six films en un’’ n'est jamais difficile à digérer et Cloud Atlas, à l'instar d' Holy Motors (Leos Carax, 2012), se veut une traversée dans les genres du cinéma : on retiendra par exemple que, loin de l'expérimentation colorée de Speed Racer (2008), les décors sont toujours identifiables au style de film fixant ainsi d'utiles repères. Enfin, le charme du film tient à un casting solide (Tom Hanks, Ben Whishaw, Jim Sturgess…) qui, comme chez Carax, ne cesse de se grimer pour interpréter de multiples rôles. Charmant.
nolan
Note de nolan : 2
Cloud Atlas (Andy et Lana Wachowski, Tom Tykwer, 2012)
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