Des Hommes sans Loi
Un film de gangsters durant la prohibition avec un casting glamour, sur un scénario de Nick Cave avec John Hillcoat aux manettes. On s'attend à un bon divertissement sanglant et déviant. A la place, c'est une série B fort mal ficelée qui nous est livrée. Grosse déception.
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Guy Pearce
John Hillcoat nous démontre par le contre-exemple à quel point une direction d'acteurs se doit d'être homogène. Il y a Shia Laboeuf qui trouve bien un équilibre dans son rôle de Jack, cadet faible mais ambitieux au sein de la fratrie Bondurant, distilleurs durant la prohibition dans la province de Chicago. Il s'accorde aux deux rôles féminins sans consistance que peinent à sauver Mia Wasikowska (Bertha) et surtout Jessica Chastain (Maggie). En face, c'est le concours de cabotinage le plus éhonté entre Tom Hardy en Forrest, le frère taiseux, et Guy Pearce, Charlie Rakes, en psychopathe assermenté. On peine à décerner la palme du plus ridicule entre les deux mais assurément tout ce casting (y compris les seconds rôles abandonnés interprétés par Jason Clarke, Dane DeHaan et Gary Oldman) ne jouait pas dans le même film. Si le jeu outrancier d'Hardy et Pearce nous a tant agacés, c'est aussi parce que le reste du film manque de qualités. Le scénario enfile les scènes sans souci de cohérence ni de fluidité, à croire que le panneau « tiré d'une histoire vraie » et la photo authentique ouvrant le générique de fin signifient « c'est cousu de fil blanc mais vous devez y croire parce que c'est arrivé ». Impossible de vibrer à la réussite et à la chute du jeune Bondurant, on rigole quand Forrest déclame des sentences piquées au dernier Batman (Christopher Nolan, 2012) ou lorsque Charlie Rakes fait un numéro final de Joe Dalton au milieu d'une violence non pas réaliste mais esthétisée (et parfois belle comme la scène d'égorgement). Nous avons bien compris que Hillcoat et Cave veulent mettre un peu d'humour mais celui-ci est tout sauf fin et marque plus un manque de rigueur qu'une forme de légèreté. Le résultat est d'une grande fadeur. Est-ce donc si nul ? Non pas totalement parce qu'une fois encore le cinéaste, même en sous-régime, est capable de sortir des plans d'une beauté fulgurante, des images qui impriment la rétine que ce soit un arbre gigantesque ou Jessica Chastain nue sortant de la pénombre. Et aussi pour l'investissement de Shia Laboeuf qui est le seul à croire qu'il joue dans un film au calibre Leonien et puisque nous fûmes aussi naïf que lui, nous ne pouvons point mettre la note la plus basse.
nolan
Note de nolan : 1
Des Hommes sans loi (John Hillcoat, 2012)
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