Effets Secondaires
Un nouveau bon gros thriller à base de meurtre, trahison et argent. Un composé toujours très efficace mais ultra-classique avec, à la barre, un Soderbergh comme souvent (toujours ?) en roue libre…
Effets secondaires navigue longuement sur deux pieds : l’histoire d’une dépressive – Emily Taylor (Rooney Mara) – et celle des malhonnêtetés commises par les laboratoires pharmaceutiques avec la complicité des médecins. Si une impression d’instabilité se dégage un temps, elle s’avère trompeuse. Le film tend en fait vers une troisième direction, opposée aux deux précédentes. Il ne manque pas de légèrement patauger au moment de s’y caler mais y parvient sans trop de dommages et tous les éléments finissent par à peu près s’emboîter. Au final, c’est un thriller efficace qui se révèle. Efficace mais sans génie. Ce n’est qu’un scénario, cousu de fil blanc et correctement mis en image, quand bien même il raconte l’histoire classique d’un héros, le docteur Jonathan Banks (Jude Law), qui se rebelle contre une trame trop vite écrite et qui ne lui convient pas. Steven Soderbergh aurait peut-être dû s’en inspirer… A l’inverse, il se contente, derrière la caméra, de faire très correctement le boulot et d’amener son bateau à bon port. Les acteurs, composant brillamment des personnages stéréotypés, sont tenus, l’ensemble est assez fluide. Ce n’est pas si mal, puisque, écrasé dans le canapé par la fatigue d’une longue semaine, on reverra sans ennui cet Effets secondaires le dimanche soir. On regrette toutefois le manque d’ambition du projet. Jamais la moindre velléité de le sublimer n’apparaît ni dans la construction générale, ni dans le travail de Soderbergh. Dans le premier cas, cela vaut peut-être mieux et l’on sait gré à Effets secondaires de nous épargner de banales réflexions sur les thèmes mis en jeu (dépression, meurtre, paranoïa, argent, consommation, rêve brisé d’une vie ‘‘réussie’’, enfermement, dépossession de soi…). Ils ne servent certes que de commodes prétextes mais on râle ici beaucoup trop souvent contre ces films s’embourbant inutilement au-delà des deux heures pour ne point saluer la relative vivacité de celui-ci qui ne s’étire que sur 105 minutes. Pour le second, force est de déplorer que, négligeant un talent évident (révélé par son surprenant opus initial Sexes, mensonges et vidéo en 1989), Steven Soderbergh soit devenu un faiseur anonyme qui enchaîne les œuvrettes de qualité inégale. Ce n’est plus vraiment une nouveauté (dix-huit films depuis 2000) et au moins, cette fois-ci, nous divertit-il.
Antoine Rensonnet
Note d’Antoine Rensonnet : 2
Note de nolan : 2
Effets secondaires (Steven Soderbergh, 2013)
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