Frankenweenie
Sparky a une bonne bouille et Frankenweenie est mignon tout plein. Chez De son coeur, Antoine n'espérait pas que cela de Tim Burton mais se demande s’il y avait vraiment autre chose à attendre quand nolan y a vu un auto-hommage dans une réjouissante comédie d'animation.
-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Antoine :
Victor et Sparky
Ce n’est pas tant que l’on cherche, à tout prix, à le résumer d’une formule facile mais il faut bien reconnaître que Frankenweenie est un film mort-vivant dépourvu du moindre souffle d’âme. Graphisme, animation, musique, lieux ont déjà été vus, entendus et parcourus dans de précédentes œuvres de Tim Burton. Celui-ci, en étalant sans cesse les mêmes références et en faisant les mêmes clins d’œil appuyés, se redit bien que Johnny Depp soit, pour une fois, absent. On comprend vite que le réalisateur ne livre pas une seconde version des aventures du chien ressuscité – après son court-métrage de 1984 – pour parfaire, avec des moyens supplémentaires, un projet qui lui tient extraordinairement à cœur. Il trouve juste, en se replongeant vers ses premières amours, l’occasion d’emballer vite fait une nouvelle production. C’est plutôt bien fait d’ailleurs et ça ne sert rien, cette fois-ci, de s’énerver. Frankenweenie regorge d’une joliesse qui faisait défaut à l’immonde Alice au pays des merveilles (2010) et est plus rythmé que le pâle Dark Shadows (2012). Sparky, le frankenchien, attendrit avec ses mimiques et son curieux déhanchement. L’histoire de son maître Victor, elle, sans franchement passionner, permet de tenir une heure et demie sans trop se lasser. Simplement, ça n’a pas vraiment d’intérêt d’autant que Burton abandonne – définitivement semble-t-il – toute forme de méchanceté. Ainsi la banlieue américaine, celle d’Edwards aux mains d’argent (1990), n’effraie-t-elle plus alors que les gamins, qui rappellent leurs homologues de Charlie et la chocolaterie (2005), ne sont pas à tuer. A cet égard, la fin, toute disneyenne, traduit le complet renoncement de l’auteur : si l’on réjouit que le sympathique Sparky revienne une nouvelle fois à la vie, que toute la communauté, abominablement réunie pour faire le bien, participe au processus de résurrection n’est pas sans laisser un goût amer. Frankenweenie confirme nos craintes : Tim Burton s’enferme sur une voie de garage. Qu’il l’ait créée de toutes pièces ne change pas grand-chose à l’affaire.
Sparky
Antoine Rensonnet
Note d’Antoine Rensonnet : 2
nolan :
Après un dernier opus regardable mais mal construit, Tim Burton propose un excellent nouveau film d'animation. Le film est introduit par le logo de Disney, le château de Cendrillon, sous une forte pluie. Burton vient-il prendre sa revanche ? Pas vraiment mais il propose un divertissement haut de gamme, bien meilleur que l'actuel haut du panier disneyen (à l'exception de quelques œuvres du studio Pixar). Frankenweenie est une comédie sans bout de gras. Tim Burton a visiblement envie de rendre hommage à sa décennie des années 90 (d'Edward aux mains d'argents – 1990 – à Sleepy Hollow – 1999) avec force clins d'oeil mais toujours pour le mieux. L'ambiance est à la gaudriole et, à ce titre, le chien Sparky est totalement réussi. Le voir évoluer est un plaisir de tous les instants. Bien sûr Burton n'épargne pas vraiment les adultes (y compris le père du héros – voix de Martin Short – qui concède « je te l'avais promis parce que je savais que c'était impossible ») avec au programme une lamentable réunion de parent d'élève avec la fabuleuse intervention du professeur Rzykruski (Martin Landau) et une fête de la Nouvelle Hollande, cette banlieue aux ''maisons modestes à prix modestes''. Cependant, il demeure assez sage par rapport à ses anciens films qu’il se plaît à citer.
Sparky
Le sel de Frankenweenie tient à un rythme parfait et au burlesque des situations portées avant tout par Sparky. Le chien est un modèle d'innocence mais pas un abruti. Les situations qu’il provoque n'entraînent que quelques petits désagréments matériels là où les hommes (adultes ou enfants) ont des gestes aux conséquences autrement plus dévastatrices. Mais, surtout, nous suivons avec un ravissement certain (accompagné d'un air béat) l'ensemble de ses acrobaties pas très équilibrées. Dans la dernière partie, tout part en vrille et l'on retrouve le Burton casseur de jouet et malpoli de Mars Attacks ! (1996) : il est du côté des monstres – moins effrayant que les banlieusards – mais ne se prive pas de régler son compte à un chat apathique et un Colossus fort ridicule. L'animation, par son aspect légèrement saccadé, s'accorde bien aux péripéties canines rappelant le cinéma burlesque muet et le bestiaire proposé est séduisant. Le tout est emballé dans un joli noir et blanc. Une bonne surprise. Un auto-hommage séduisant.
Aussi, si le flegmatique Gromit reste indubitablement notre chien de cinéma préféré, le frétillant Sparky prend désormais la deuxième place.
Note de nolan : 4
Frankenweenie (Tim Burton, 2012)
Commenter cet article