Hara-Kiri, de Takashi Miike – Un remake pas très convaincant
Hara-Kiri, du très productif Takashi Miike, est un mélodrame aux décors somptueux dans lequel le réalisateur rend hommage aux grands maîtres du cinéma japonais. Et on s'ennuie pas mal.
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Article paru sur
Ebizô Ichikawa
L'entame d'Hara-Kiri ne manque pas de qualités, les images sont belles et la mise en place de l'histoire se révèle aussi limpide qu'habile. Durant l'ère Edo, un vieux samouraï, Hanshirô Tsugumo (Ebizô Ichikawa), sans clan et sans argent, demande l'hospitalité dans une nouvelle résidence afin de pouvoir se faire hara-kiri en bonne et due forme. L'intendant, Saitô (Koji Yakusho) avant de faire droit à sa demande lui raconte l'histoire d'un jeune samouraï, Motome Chijiiwa (Eita), qui lui a présenté cette même requête mais avec une autre idée derrière la tête. Aussi le seigneur tient-il à s'assurer qu'il compte vraiment se percer le ventre de droite à gauche. Il lui laisse même l'opportunité de se défiler. Mais Hanshirô n'en a pas l'intention. Bien au contraire.
Toutefois, lors de la cérémonie, il a lui aussi une histoire à raconter. Il n'est pas bien difficile de savoir ce que le rônin va exposer tant le premier récit donne largement les clés pour deviner la suite. L'essentiel ne réside pas dans le faux-suspense mais dans la description minutieuse des us et coutumes de la société japonaise d'alors. Une société en paix mais aux prises avec une grande pauvreté. Le cinéaste s'intéresse d’ailleurs bien plus au décor (fabuleux en effet), aux objets et au quotidien d'une famille sans le sou qu’à la société en elle-même. Ainsi les relations entre clan, shogun et habitants des royaumes ne sont que brièvement évoquées. Le propos porte sur la désuétude et l'inhumanité du code des samouraïs au sein d'une frange de la société économiquement aux abois. Aussi nous semble-t-il qu'il aurait eu plus de force si, au sein du mélodrame, Miike avait mieux tissé les liens qui unissent ces deux entités. Pour susciter l'émotion, il se concentre sur le tombereau de malheurs des personnages principaux avec un certain talent esthétique mais limité parce que le réalisateur hésite entre sobriété et baroquisme. Alors, comme le spectateur n'est pas lié par un suspense (à moins de s'être endormi durant toute la première demi-heure) et qu'il n'est pas totalement emporté par ce qu'il voit, l'ennui pointe le bout de son nez. On songe à Mizoguchi parfois, mais pour mieux se dire que ce dernier donnait plus d'ampleur à ses amours et destins tragiques. Et quand Hanshirô a fini son histoire, son dernier coup de force face à l'ordre établi nous sort de la torpeur sans pour autant nous remettre vraiment en selle.
Hara-Kiri : Mort d'un samouraï (Takashi Miike, 2011)
Note de nolan : 2
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