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Ils mourront tous sauf moi !

23 Octobre 2009 , Rédigé par Ran Publié dans #Critiques de films récents

Remarquée à Cannes l’an dernier et sortie en France en avril dernier, une chronique de l’adolescence. Une de plus et qui, malgré (ou à cause de) sa volonté de réalisme, n’apporte pas grand-chose au genre, la spécificité d’une société russe en mutation n’apparaissant que trop peu.

 

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Dans la Russie d’aujourd’hui, trois adolescentes. Leurs troubles ; leur amitié ; leurs trahisons ; leurs rites de passage ; leur violence, surtout. Que dire de plus sur cette chronique, si ce n’est que tout cela a déjà été évoqué mille fois et bien souvent en mieux. Pour le coup, la volonté de réalisme (caméra à l’épaule, photographie de documentaire, crudité des dialogues et des situations) n’apporte pas grand-chose et l’on préfère – de loin – l’hyper-esthétisme de Gus Van Sant (Elephant en 2003, Paranoid Park en 2007) et même, pour citer un exemple très récent, l’humour de Riad Sattouf (Les beaux gosses, 2009). Car, quitte à ne pas réaliser un chef d’œuvre, autant en profiter pour faire rire…

 

Puisque tout a déjà été dit sur l’adolescence, je donne deux citations qui me semblent tout-à-fait justes sur celle-ci. L’une de Pete Townsend, le guitariste des Who : « L’adolescence est cruciale, mais parce qu’elle est le moment où l’on décide quelle proportion d’enfance on gardera avec soi pour le reste de l’existence ». Voilà pourquoi, dans Ils mourront tous sauf moi, seul le personnage de Vika (Olga Shuvalova) touche légèrement car il semble y subsister (un peu) de la candeur enfantine. L’autre de Stefan Zweig – peut-être le meilleur peintre des sentiments humains – dans Lettre d’une inconnue (1922) : « Les jeunes filles de l’école, à demi perverties déjà, me répugnaient parce qu’elles jouaient légèrement avec ce qui était pour moi la passion suprême ». C’est en cela que, fondamentalement, l’histoire de ces adolescentes en crise (forcément…) ne m’intéresse guère.

 

 

Le film, toutefois, présente, par la bande, un intérêt. Entre des adolescentes, qui, avec téléphones portables, maquillage, cigarettes, alcool et désirs de « mecs », sont déjà dans la surconsommation (donc se rapprochent de leurs homologues occidentales) et des professeurs qui semblent restés au temps de l’Union soviétique (et versent ainsi dans une caricature que le film semble, par ailleurs, vouloir éviter), il y a les parents. Ceux-ci, qui ont quarante ou quarante-cinq ans, apparaissent complètement perdus. Cela n’est pas là, me semble-t-il, seulement lié à l’un des grands poncifs du film d’adolescence : l’absence de véritable communication entre les générations. Cette dimension est certes – malheureusement – présente mais la génération des quadragénaires russes porte cette spécificité d’être passée à l’âge adulte dans un pays en complet bouleversement. Cela explique sans doute qu’elle soit aujourd’hui si perdue. Cela aurait sans doute mérité un film en soi. Hélas, dans Ils mourront tous sauf moi, cela n’occupe que quelques rares minutes et ne sauve donc pas la première œuvre de Valeria Gaï Germanika.

 

Ran

 

Ils mourront tous sauf moi ! (2008), de Valeria Gaï Germanika

 

Note de Ran : 1

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