Jason Bourne : L'Héritage
Dire que nous n'attendions rien de Tony Gilroy pour cette reprise de Bourne est un euphémisme. Aussi qu'elle ne fut pas notre surprise de voir, avec les mêmes ingrédients, une recette tout à fait digeste. Malheureusement un morceau un peu dur à avaler empêche le film de prendre de l'envergure.
Jeremy Renner
Disons le simplement : Jason Bourne : L'héritage nous a surpris. Commençant assez doucement avec un montage alterné, le spectateur est mis dans le bain avec soin, les personnages sont introduits avec une certaine souplesse et Gilroy tient à se démarquer du style de son prédécesseur (Paul Greengrass, réalisateur des opus de 2004 et 2007 avec Matt Damon), sans pour autant perdre en intensité. Force est de constater que c'est réussi et par deux fois, le film atteint des points culminants de tension. Une fusillade dans un laboratoire (qui convoque l'actualité puisqu'un personnage pète les plombs sans que l'on sache pourquoi) et un interrogatoire apparemment de routine dans une maison au fond des bois. Ces deux scènes sont construites autour du personnage du docteur Martha Shearing (Rachel Weisz), l'unique chance de survie d'Aaron Cross (Jeremy Renner), un Jason Bourne trop empathique. Sauf qu'après la scène parfaitement exécutée de la maison, qui aboutit à la réunion de Cross et Shearing, le long métrage aborde un énorme tunnel narratif qui manque d'avoir sa peau. Tunnel narratif qui, par définition, alourdit le film et dont l'utilité peut être remise en cause : en effet nous n'avons absolument rien écouté ni compris durant ses longs verbiages mais une fois à Manille, où l'histoire reprend son souffle, nous fumes pas pour autant perdus dans l'intrigue. Normal, le scénario reste au point mort (sans doute pour se ménager une suite). Ainsi L'héritage déroule tranquillement son final spectaculaire en milieu fortement urbanisé sans éviter une énormité qu'il ne convient de ne pas lire pour vous préserver de la surprise un peu moisie qui vous attend : alors que la société qui prépare ces supers soldats les a tous éliminé pour éviter qu'on y trouve une preuve tangible des affirmations de Pam Landy (Joan Allen, voir opus 2007) sur Treadstone, voilà-t-y pas que découvrant qu'Aaron Cross n'est pas mort, la société nous sort un autre supersoldat (Louis Ozawa Changchien) pas éliminé on sait pas trop pourquoi. Pire, on nous l'annonce comme une sorte de Terminator, « bien démoulé » pour reprendre la savoureuse expression de mon compagnon de séance, mais sa fin comique nous fait plutôt penser à la mort de Woody Allen dans Scoop (2006).
nolan
Note de nolan : 2
Jason Bourne : L'Héritage (Tony Gilroy, 2012)
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