L'Agence tous risques
Adaptation d’une série américaine des années 80, le film se révèle assez plaisant quoiqu’un peu long. Ce qui est normal puisque le film est dépourvu de scénario et que Joe Carnahan n’est pas Gus Van Sant.
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Tintenintin ! Tin tin tiiin ! Tintenintintin ! Tintinentintintin ...
(Bradley Cooper, Qincy Rampage Jackson, Sharlot Copley et Liam Djan Cloud Neeson)
On n’attendait pas grand-chose de cette adaptation de série télévisée. D’abord parce que le matériau original était pas terrible. L’Agence tous risques racontait l’histoire de militaires, héros du Vietnam (nous sommes dans les années 80, l’Amérique refait le match), trahi par les siens et qui deviennent mercenaires pour sauver la veuve et l’orphelin. Ce qui ne rapporte pas beaucoup. Tous les épisodes étaient construits de la même façon et rares sont les fois où l’un d’eux sortait du schéma[1].
Ensuite parce qu’on a vu les deux premiers films du réalisateur, Joe Carnahan et le moins que l’on puisse dire est qu’ils ne sont pas folichons, le cinéaste poussant les acteurs à en faire des caisses (Narc, 2002 ; Smokin Aces, 2006). Et contre toute attente, le film est assez agréable à suivre.
D’une part, le cabotinage des acteurs est plutôt bienvenu et sans lourdeur exploitant bien le côté ridicule de chacun des personnages excepté Hannibal incarné par Liam Djan Cloud Neeson décidément coincé dans ses rôles de très sérieuse figure paternelle depuis La Menace Fantôme (George Lucas, 1999). Dans la série, Hannibal commandait certes mais c’était aussi un acteur raté ce qui donnait quelques moments de comédie. Mais les éternelles disputes entre Barracuda (Quincy Rampage Jackson) et Looping (Sharlto Copley) fonctionnent bien ainsi que la coquetterie de Futé (Bradley Cooper).
D’autre part, de peur d’avoir un scénario trop merdique, le film s’en passe complètement mais surtout fait tout simplement fi de l’histoire. On peut à peine parler de leitmotiv. Et Looping qui annonce dans la séquence d’introduction du film qu’il va faire « des trucs de cartoons » ne dit rien d’autre que ce va être le film : un cartoon. Ainsi, le métrage aligne les séquences d’action sans aucun réalisme renforcées par de voyants effets spéciaux, nos héros se baladent d’un point à l’autre sans souci de cohérence. Si quelques cascades rappellent Mission Impossible III (JJ Abrams, 2006) et The Dark Knight (Christopher Nolan, 2008), la référence serait plutôt Bad Boys II (2003) mais il manque le ridicule magique de Michael Bay pour m’impressionner.
D'habitude plutôt séduit par les scènes spectaculaires un peu réalistes (j’écris "un peu" parce que les scènes ne peuvent pas être vraiment réalistes) comme chez Michael Mann, Christopher Nolan ou John Mc Tiernam, j’ai pourtant bien marché ce coup-ci. Mais bon on ne s’enflamme pas, le film dure plus d’une heure et demie et forcément l’ennui commence à se faire sentir et le grand déballage final de conteneurs n’a provoqué chez moi que quelques soupirs.
Note de nolan : 2
L’agence tous risques (Joe Carnahan, 2010)
[1] Cette explication est destinée aux plus jeunes de nos lecteurs (pour qui le franc reste un concept) et aux plus vieux (qui ont du faire la distinction entre ancien et nouveau franc).
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