L'autre Dumas
Alexandre Dumas (Gérard Depardieu) et Auguste Maquet (Benoît Poelvoorde)
Franchement on hésite après avoir découvert cette nouvelle histoire de double qu’est L’Autre Dumas. Le film, en effet, a laissé craindre le pire avant mais fait aussi entrevoir le meilleur. Le pire, c’était qu’il se réduise à une simple opposition entre ses deux acteurs principaux dans des personnages qu’on leur connaît un peu trop. Soit, d’un côté, un Gérard Depardieu campant un Alexandre Dumas ogresque avide de bouffe, d’alcool et de femmes et, de l’autre, un Benoît Poelvoorde composant avec Auguste Maquet, nègre du premier, un nouveau rôle de type un peu pathétique (sans l’option délirante…). Le meilleur, c’était une exploitation fine de cette thématique universelle. On y croit un instant quand, croyant voir Dumas en Maquet, Charlotte Desrives (Mélanie Thierry) remarque une timidité paradoxale chez le grand homme qui ajouterait à son charme. Mais, même si de bons moments existent – Maquet se rêvant une ampleur et un charisme qu’il ne possède pas ; Dumas découvrant qu’il est perdu sans Maquet –, on ne reviendra guère à cette idée…
Et finalement, ce n’est ni le meilleur, ni le pire qui l’emportent dans le film de Safy Nebbou. Celui-ci part dans d’autres directions et offre – hommage à Dumas oblige – une intrigue pseudo-politique, sur fond de Révolution de 1848, aux multiples rebondissements et quiproquos sans aucun souci de vraisemblance, ni de vérité historique. Cela donne à L’Autre Dumas du rythme mais lui enlève toute véritable profondeur. On dira alors qu’on reste un peu sur notre faim bien que le film bénéficie de quelques bonnes idées (la mise en scène de l’univers de Dumas qui vit dans une invraisemblable ménagerie) ou séquences (par exemple, même si ce n’est pas d’une confondante originalité, un bal costumé lors duquel les masques tombent) et de seconds rôles féminins de qualité notamment la compagne d’Alexandre Dumas, Céleste Scriwaneck (Dominique Blanc), et la femme d’Auguste Maquet, Caroline (Catherine Mouchet). Les deux donnent au film une touche certaine d’émotion et introduisent, presque subrepticement, le thème du vieillissement qui – malheureusement et une fois de plus – n’est que très partiellement exploité. A l’inverse, on critiquera des dialogues qu’on a l’impression de trop entendre et qui semblent toujours chercher le bon mot. Mais, au final, on a donc assisté à un honnête divertissement. C’est peut-être un peu décevant mais c’est n’est tout de même déjà pas si mal ; on saura donc s’en contenter.
Ran
Note de Ran : 2
L'Autre Dumas (Safy Nebbou, 2009)
Commenter cet article