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L'étrange affaire Angélica

2 Avril 2011 , Rédigé par nolan Publié dans #Critiques de films récents

Une merveilleuse histoire d’amour fou entre une femme morte et son photographe, qui provoque un sentiment d’étrangeté aussi vaporeux qu’élégant... Malheureusement, mon attention fut happée par le jeu atroce de son acteur principal. C’est bien dommage.

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Article paru sur

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Angelica

Angelica, morte mais qui semble bien le prendre (Pilar Lopez de Ayala)


De ces plans fixes aux cadrages très travaillés, de ce léger effet spécial donnant du relief à une photo, de l’utilisation du son alliant musique classique et bruit de machine, de cette merveilleuse histoire d’amour fou entre une femme morte (Pilar Lopez de Ayala) et son photographe (Ricardo Trêpa), qu’ai-je retenu ? Malheureusement, mon attention fut happée par le jeu atroce de son acteur principal. Ricardo Trêpa est de presque tous les plans et ne sait jouer ni la surprise, ni la mélancolie. Il n’est même pas capable de faire semblant de boire un café ou tenir un appareil photo. Pire, le reste du casting est de très bonne tenue, ce qui accentue la stupéfiante nullité de cet acteur. Et quelle ne fut pas ma stupeur quand je constatai que Ricardo Trêpa était un habitué du cinéma de Manoel De Oliveira depuis 1999. Alors devant la maîtrise des outils cinématographiques du réalisateur portugais, je ne peux que penser que je fais erreur. Peut-être est-ce une histoire de sensibilité ? Parfois un jeu ne passe pas. Ce fut le cas pour Jennifer Jones dans le grand classique qu’est Duel au Soleil (King Vidor, 1946), dont je trouvais le jeu au bord du ridicule. Pourtant lorsque je l’ai découverte dans la Folle Ingénue (Ernst Lubitsch, 1946), elle était formidable. Est-ce que Ricardo Trêpa est meilleur dans d’autres films ? Peut-être. En tout état de cause, si l’auteur de L’Etrange Affaire Angélica n’était pas celui-ci et si son film ne diffusait pas un sentiment d’étrangeté aussi vaporeux qu’élégant, gardait un ton léger malgré l’amour qui consume le héros, alors j’aurais sans hésiter classé l’œuvre parmi les nanars de l’année grâce à la spectaculaire contre-performance de son acteur principal.

Si j’étais un peu tordu ou de mauvaise foi, j’écrirai que le film ne cesse d’opposer une forme d’onirisme (le visage photographié qui sourit) et de spiritualité à une réalité plus physique (les travailleurs de la terre qui grimacent) et que, par conséquent, son héros se détache peu à peu des hommes jusque dans son jeu. Mais la séquence finale qui voit l’entrée en scène d’un docteur qui joue presqu’aussi mal que lui fait s’écrouler cette subtile théorie. Alors, j’en veux à Ricardo Trêpa (et à son grand-père Manoel De Oliveira) qui me gâchent les moments envoûtants, la bonne utilisation d’effets spéciaux désuets ou cette idée de surcardrer à l’infini son décor principal (une chambre qui, selon l’angle, donne soit sur la porte amenant vers un escalier descendant, soit sur des photographies en face d’une fenêtre ouverte qui montre le ciel et la montagne) qui rime avec cette perpétuelle volonté de fuite qui conduira le héros au plus haut des cieux. Donc, pour paraphraser Pierre Desproges, Ricardo Trêpa est coupable mais son réalisateur vous en convaincra mieux que moi.

 

IsaacLe coupable : Ricardo Trêpa

 

 

nolan

 

Note de  nolan : 3

 

L’Etrange Affaire Angélica  (Manoel De Oliveira, 2009)

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E
<br /> <br /> Et bien moi, j'aime bien Ricardo Trepa ici, comme dans "Christophe Colomb l'énigme", découvert il y a peu.<br /> <br /> <br /> Notre amie commune a, à mon sens, parfaitement raison, ce décalage, du personnage et du comédien, sert remarquablement le film, concourt à sa singularité fantastique et est<br /> prolongé de belle manière dans la mise en scène (les oppositions entre mouvements des uns et immobilité des autres par exemple).<br /> <br /> <br /> En bref : pour moi, ni plus ni moins que le plus beau film de l'année jusqu'à présent.<br /> <br /> <br /> <br />
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N
<br /> <br /> Bon, ok, j'écrivais qu'il fallait être un peu tordu pour penser que le personnage de Ricardo Trepâ se détache peu à peu des hommes jusque dans son jeu. Comme ni l'un ni l'autre n'êtes tordus et<br /> au contraire très pertinents, le terme n'est pas approprié. Mais franchement, Trepâ, je peux pas. On verra - si l'occasion m'est donnée de revoir ce film - si j'étais mal luné ou si mon ressenti<br /> se confirme.<br /> <br /> <br /> Pour le reste, il est vrai que la mise en scène est réussie et le cadrage "infini" - qu'un de tes commentateur a trouvé sursignifiant - m'a beaucoup plu lorsque mon attention arrivait à échapper<br /> au jeu atroce de son acteur.<br /> <br /> <br /> <br />
F
<br /> <br /> J'étais PTDR. La fille a des yeux et un sourire énormes. On dirait qu'elle va le bouffer.<br /> <br /> <br /> <br />
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N
<br /> <br /> Oups, je n'avais compris.<br /> <br /> <br /> En effet, son personnage s'échappe peu à peu du monde des vivants : c'est notamment souligné lors de la scène dans laquelle il boit (mal) son café mais ne participe pas à la discussion<br /> scientifique. N'empêche, il joue comme une caisse : quand il est interloqué en regardant la photo d'Angelica, il est pour le coup vraiment à côté de la plaque.<br /> <br /> <br /> <br />
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F
<br /> <br /> Euh... en fait je n'ai pas trouvé que c'était un défaut. Je pense que c'est tout à fait voulu et que ça ajoute à l'étrangeté de la chose. Il est (déjà) mort non ?<br /> <br /> <br /> <br />
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N
<br /> <br /> Fred, ,<br /> <br /> <br /> Je suis ravi de vous voir qu'il y a au moins une personne de plus en accord avec moi. Mais on doit être deux au total. Je n'ai pas encore trouvé d'autre note qui pointe ce défaut.<br /> <br /> <br /> <br />
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