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Le Bruit des glaçons

2 Septembre 2010 , Rédigé par Ran Publié dans #Critiques de films récents

Qu’attendre de Bertrand Blier en 2010 ? Plus grand-chose certainement. Mais entre dialogues savoureux et moments de creux, entre séquences de guimauverie et humour noir parfois vraiment féroce, ce Bruit des glaçons, porté par deux bons interprètes se laisse tout de même regarder.

 

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Charles-Faulque-et-son-cancer.jpgCharles Faulque (Jean Dujardin) et son cancer (Albert Dupontel)

 

De Bertrand Blier, on retiendra qu’il fut dans les années 1970 surtout et dans les années 1980 un peu, un grand cinéaste « politique ». Dans le bon sens du terme, certes mais tout de même plus politique que cinéaste. Avec Les Valseuses (1974), Buffet froid (1979) – son chef d’œuvre sans aucun doute – puis Tenue de soirée (1986) ou encore Trop belle pour toi (1989), l’homme avait, avec causticité, des choses à dire (plus qu’à montrer…) sur la société. Et puis, ce réel talent s’est érodé – parce que l’époque avait changé ? Parce qu’il avait vieilli ? – et la qualité de ses films s’en ressentit nettement au point que l’on n’attend plus vraiment grand-chose de l’auteur.

Le Bruit des glaçons va confirmer cette impression. Pourtant, le pitch est bon : un écrivain alcoolique – plus alcoolique qu’écrivain d’ailleurs –, Charles Faulque (Jean Dujardin), se retrouve face à son cancer incarné par Albert Dupontel. La vie du héros étant irrémédiablement ratée, rien ne devrait s’opposer à ce qu’il accepte de mourir rapidement mais, retrouvant un nouvel amour (sa servante –  Anne Alvaro – ; elle aussi frappée par un cancer incarné – Myriam Boyer), il va néanmoins rechigner. Le film étant basé sur cette seule idée, il souffre – malgré sa courte durée (moins de quatre-vingt-dix minutes) – de nombreuses baisses de rythme et jamais l’intrigue, dont tous les éléments ou presque sont exposés dans le premier quart d’heure, n’est relancée d’une quelconque façon. Par ailleurs, en brodant autour du thème amoureux, le nouvel opus de Blier présente des séquences assez consternantes de guimauverie – notamment toute la fin du film – et sa maîtrise de son art étant ce qu’elle est, ce qu’il voudrait proposer comme des moments de virtuosité cinématographique (avec cadrages ambitieux et utilisation de la musique) se révèle fort décevant. Faut-il pourtant être trop sévère avec ce Bruit des glaçons ? Certainement pas. Car si l’ennui gagne parfois le spectateur, d’excellents moments s’offrent également périodiquement à lui. D’une part, les deux interprètes sont très bons et les dialogues entre les deux souvent fort savoureux. D’autre part, l’humour noir qui est à la base du scénario fonctionne, de manière générale, très correctement et l’on rit bien souvent notamment quand les deux cancers se montrent particulièrement « politiquement incorrects ». Cela suffit à sauver donc assez largement le nouveau film de Bertrand Blier et à faire, au final, passer un assez bon moment. On remarquera tout de même que c’est quand il est méchant – ou féroce – que le réalisateur s’avère (et de loin !) le meilleur. Ainsi, est-il, par exemple, aujourd’hui, un bien meilleur apologue de l’alcool – quand Charles explique notamment qu’il boit une bouteille de blanc à 10 heures du matin « par solidarité avec les ouvriers » – que de l’amour et de la vie. Après tout…

 

Ran

 

Note de Ran : 2

Note de nolan : 1

 

Le Bruit des glaçons (Bertrand Blier, 2010)

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R
<br /> <br /> Oui, bien sûr, on peut certes plus ou moins aimer Le Bruit des glaçons et être plus ou moins sévère avec celui-ci mais il n'en reste pas moins que le constat de fond qui s'impose, depuis<br /> une vingtaine d'années, avec Blier reste le même : il a beaucoup, beaucoup baissé n'ayant plus grand-chose à dire sur la société contemporaine (d'ailleurs, il n'essaie même pas - si ce n'est<br /> peut-être dans cette séquence (complètement loupée) où l'on voit que le cancer est l'allié de l'agent immobilier donc du grand capital). Pourquoi ? Cela reste pour moi un certain mystère. Et<br /> comme, en plus, il n'a jamais été un immense réalisateur (sauf dans Buffet froid), ce qui se voudrait être de la pure poésie cinématographique (par exemple, cette séquence (loupée aussi)<br /> lors de laquelle la caméra traverse la maison - sur un épouvantable et éprouvant fond musical - pour rejoindre Anne Alvaro et Jean Dujardin en train de faire l'amour) ne dynamise absolument pas<br /> son cinéma.<br /> <br /> <br /> Bref, tout cela ne fait pas de grands films même s'il y a quelques bons moments, je pense, quand il retrouve son mauvais esprit (malheureusement, de la guimauve - ah, voir son fils prendre son<br /> "envol" et la vie qui vaut donc la peine d'être vécue - vient quelque peu les gâcher) dans Le Bruit des glaçons.<br /> <br /> <br /> <br />
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E
<br /> <br /> Ok pour la bouteille ouverte à 10 h en solidarité avec la pause des travailleurs. Mais personnellement, je n'ai trouvé que cela : quelques (rares) bons mots (aboyés par Dupontel et récités par<br /> Dujardin).<br /> <br /> <br /> Sinon, nous sommes nombreux à partager le point de vue exposé dans le premier paragraphe. Peut-être que l'époque a changé sans que Blier ne change sa manière de faire, manière qui devient au fil<br /> du temps inopérante. Quand on prend l'oeuvre de Bunuel, son modèle, on constate une évolution entre chaque décennie. Chez Blier, on a toujours les mêmes figures de style qui s'apauvrissent.<br /> <br /> <br /> <br />
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