Le Chat Potté
Le Chat Potté est un film d'animation plaisant et plutôt bien fait. Il échoue partiellement à exploiter le potentiel de son héros et privilégie les scènes d'action. Le personnage de Humpty Dumpty est toutefois réussi.
Le Chat Potté et Humpty Alexandre Dumpty
C'est avec plaisir que nous retrouvons un second rôle de la saga Shrek (Andrew Adamson et Vicky Senson, 2001 ; Andrew Adamson, Kelly Asbury, Conrad Vernon, 2004 ; Chris Miller et Raman Hui, 2007 ; Mike Mitchell, 2010), le Chat potté. Apparu dans le deuxième film, le Chat potté n'a pas grand rapport avec le conte qui l'a rendu célèbre puisqu’il s'apparente plus à un Zorro qui aurait mal tourné qu'au chat qui, par ses ruses, faisait accéder son maître sans le sou à la tête d’un royaume. Aussi, son interprète vocal (Antonio Banderas) convoque donc les figures qu'il a déjà interprétés (les Zorro de Martin Campbell – 1998, 2004 ou les Desperado de Robert Rodriguez – 1995 et 2003). Le jeu avec ce personnage consiste évidemment à appuyer la différence entre sa nature (c'est un chat mignon aimant le lait ou courir après des points lumineux) et son caractère (le latin lover roublard), tous deux caricaturaux. Mais il n'est pas aisé de fonder une histoire complète sur ce héros sans tomber dans la redite tant il était d’une grande importance dans les Shrek. Pour éviter cela, l'histoire est complètement autonome de celle de l'ogre qu'il rencontrera par la suite. D'ailleurs, la veine parodique de la saga originelle est largement gommée au profit de l'aventure frénétique. Le félin domestique se voit flanqué de deux faire-valoir. Le premier est la chatte Kitty pattes-de-velours (voix de Salma Hayek) et n'existe que parce qu'il s'agit d'une femelle. Très mal construit, la chatte n'a pas de vrai défaut, étant habile, belle, courageuse et intelligente. Autant l'écrire, elle n'intéresse pas le réalisateur et son aspect « quota » s'en fait d'autant plus ressentir – ce qui ne manque pas de pénaliser la cohérence du métrage. Pire, certaines de ses caractéristiques (notamment son talent pour la choure) font doublons avec ceux d’un héros qui se voit dévalué. Le second est Humpty Alexandre Dumpty (voix de Zach Galifianakis). Celui-ci est, lui, réussi. Pour deux raisons. D’une part, son interprète vocal donne la pleine puissance de son verbiage absurde qui a fait son succès dans les deux Very Bad Trip (Todd Philipps, 2009 et 2011). D’autre part, parce que l'ambiguïté du personnage est bien rendue. Il est très faible physiquement (c'est un œuf, rappelons-le) et frustré de sa condition physique et sociale (c'est également un marginal). Aussi nourrit-il une rancune tenace à l'égard de la société et consacre sa grande intelligence à devenir riche et puissant. La seule personne pour laquelle il a un tant soit peu de considération est le Chat potté qu'il connaît depuis l'enfance et qui l'a défendu et soutenu ; cependant un évènement va les séparer et le chat aura alors pour Dumpty une inimitié marquée. La perspective de réconciliation proposée par l’œuf n'a alors rien de particulièrement réjouissant mais apparaît inévitable lorsque leurs intérêts finissent par se confondre. Dumpty sera la clef de l'aventure, ouvrira les moments d'action et orchestrera un hold-up d'oie magique mêlant machiavélisme et erreurs grossières. Car pour finaud qu'il soit, Humpty Dumpty verse facilement dans le dérapage, souvent lié à sa condition physique, jaloux de celle, parfaite, des deux félins qui lui sont associés. Cependant, au-delà de ce personnage intéressant, on regrettera que le film échoue à dépasser son unique objectif imposé : celui d’être un divertissement familial – aussitôt oublié que vu. La faute sans doute aux innombrables scènes d'action plus fatigantes que réjouissantes et fort peu inventives tant dans les moments comiques que dans les cascades.
nolan
Note de nolan : 2
Le Chat potté (Chris Miller, 2011)
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