Le gamin au vélo
Que se passerait-il si les frères Dardenne réalisaient un épisode de la série Joséphine, ange gardien ? Le Gamin au vélo. On sait gré aux réalisateurs belges de nous démontrer que ce n’est pas le sujet qui fait un bon film mais la façon de dire les choses. Un conte aussi sobre qu’émouvant.
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Thomas Doret et Cécile de France
Peut-être que certains de nos très peu nombreux lecteurs ont eu le malheur de regarder les séries mielleuses qui passaient sur les trois premières chaînes du feu réseau hertzien sur lesquelles docteur, infirmière, instituteur et éducateur se lançaient dans de stupéfiantes leçons de morale et de tolérance afin de lutter contre nos préjugés. Les feuilletons policiers avaient l’avantage d’avoir l’obligation de traiter une intrigue. Si ces séries semblent enfin disparaître des écrans pour copier avec plus ou moins de bonheur leurs grandes sœurs américaines, il y en a qui perdurent et Joséphine, ange gardien en fait partie. Alors pour ceux qui ne suivent pas, Mimie Mathy incarne différents personnages mais en fait c’est un ange qui remet les gens sur le droit chemin comme dans Les Routes du Paradis, calamité multidiffusée sur M6 et sans doute une des sources d’inspiration de la série TF1. Mais, cher lecteur, qui avez lu jusqu’ici cette note en pensant qu’elle portait sur le dernier film de Jean-Pierre et Luc Dardenne (vous venez de relire le titre et c’est bien ça !), vous vous demandez où je veux en venir. Et bien tout simplement, le synopsis du Grand Prix cannois 2011 pourrait bien coller à un épisode de Joséphine. Lisez plutôt : un jeune garçon (Thomas Doret) vit dans un centre social. Il cherche désespérément son père (Jérémie Renier) et son vélo. Il est du genre super chiant, il fugue, il crie, il est incontrôlable. Il croise sur son chemin Samantha (Cécile de France) qui va changer sa vie. La série aurait montré le père et le fils se réconcilier, l’ange expliquer à l’enfant qu’il faut qu’il arrête de crier, etc. Pas là. On se surprend même très vite à comprendre les accès de colère de Cyril. Cette rage qu’il porte en lui traduit forcément le ressenti de la défaite du père, qui veut changer de vie et donc changer de gosse. Bien sûr le film se finit par un miracle (quoique…) mais les démonstrations de patience et de volonté de Samantha ne sont pas pour autant surnaturelles. Elle se retrouve soudainement mère d’un garçon qui ne cherche qu’un père ou à tout le moins une figure masculine servant de modèle. Les réalisateurs n’expliquent rien, mettant le spectateur dans la position de Samantha, pris d’une envie de pouvoir sauver ce jeune garçon mais complètement désemparée quant à la façon de s’y prendre. Pour cela, les scènes sont très travaillées et dégraissées au maximum. Aussi le film est très court et sa construction limpide. Nous pourrions lui reprocher un certain schématisme, allant même jusqu’à utiliser un seul thème musical qui intervient à des moments clés. Mais cette nette organisation évite tout manichéisme et s’avère nécessaire pour ne jamais souligner les moments d’émotion et permet aux acteurs (tous impeccables) de ne point en faire trop pour montrer la souffrance.
nolan
Note de nolan : 3
Note d'Antoine Rensonnet : 3
Le Gamin au vélo (Jean-Pierre et Luc Dardenne, 2011)
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