Le Nom des gens
Est-il possible de parler de la gauche française actuelle dans une comédie romantique ? Oui et le film de Michel Leclerc en est la preuve. Sa comédie amusante, pleine de jolies répliques et d’acteurs charmants pêche par une réalisation un peu trop sage et une multitude de thèmes inégalement traités.
----------------------------------------------------------------------------------------------
Sara Forestier et Jacques Gamblin
Sur le papier, cela ressemble à un mix de comédie romantique à la française sur fond de brassage culturel (les exemples ne manquent pas, le dernier étant Il reste du jambon – Anne de Petrini, 2010) et de truc social bien pensant rempli de valeurs apolitiques parce que ça vaut mieux quand on voit l’état de la France, y sont tous pourris de toute façon, ressers moi un ballon/bière/bang tu veux (Voir les zéros mis récemment sur ce blog qui n’en demandait pas tant).
Sauf que Michel Leclerc et sa scénariste de femme Baya Kasmi racontent un peu leur vie et tentent de dessiner à travers leurs personnages et leurs aventures le paysage de la gauche actuelle (la droite ne sert ici que de faire valoir ultra-comique). Ainsi, Arthur Martin (Jacques Gamblin) est-il un jospiniste convaincu, un peu coincé du derche, cultivé, mesuré et parfois dépassé par l’étrangeté du monde qui l’entoure. Il tombe amoureux de Bahia (Sarah Forestier agaçante juste ce qu’il faut), une gauchiste hyperactive résumant la droite de Bayrou à Marine le Pen à une bande de fachos et donnant une définition de « pute politique » très différente de celle que l’on a pu découvrir avec des personnages comme Dominique de Villepin ou Nicolas Sarkozy. En effet, elle couche avec les mecs de droite pour les transformer en altermondialistes convaincus. La grande réussite du film est d’avoir intégré l’image de la gauche (disparate, comme impossible à regrouper) pour en faire l’ingrédient d’une comédie romantique : le centre gauche et la gauche-gauche – je n’écris pas extrême gauche car Bahia vote toujours – ; peuvent-ils s’aimer ?
Ainsi, les dialogues piquants et situations drolatiques ne manquent pas quand la politique s’en mêle. Et l’énergie mal canalisée de Bahia, ses fougueux discours, ses actions coup de poing cul et la tête éberluée d’Arthur provoquent moult rires et sourires.
Cependant, la multitude de thèmes traités autour du devoir de mémoire (en vrac et selon les personnages : la Shoah, la guerre d’Algérie, la pédophilie) provoque un trop plein et donne lieu à quelques maladresses où l’émotion est un poil démonstrative. Ce qui tranche avec l’habilité du film dans son analyse politique tout en jouant avec les clichés. S’ajoute à cela une mise en scène un peu timide qui a tendance à compter sur les performances de ses acteurs.
Mais pour le bon moment passé, l’originalité du scénario, on conseillera d’aller le voir le film.
nolan
Note de nolan : 2
Le Nom des gens (Michel Leclerc, 2010)
Commenter cet article