Le Stratège
Le Stratège est un film au sujet ambitieux mais au traitement modeste. Comment renouveler le discours sur le sport et aborder frontalement sur l’un de ses aspects primordiaux : l'argent ? En racontant, l'histoire d'un manager qui constitue une équipe rentable. Certes, mais dans cette histoire à la Rocky, il n'y pas grand chose de captivant. Dommage.
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Brad Pitt
Le titre original du Stratège est Moneyball et raconte comment Billy Beanes (Brad Pitt), en raison d'un budget très bas, va monter une équipe de baseball en se fondant uniquement sur des statistiques, cherchant les joueurs efficaces mais sous-évalués. Pour cela, il trouve en Peter Brand (Jonah Hill), analyste financier fraîchement diplômé de Yale, un acolyte précieux. Donc Billy constitue son équipe de manière rationaliste, ce que ses collègues, qui spéculent sur la valeur commerciale du joueur, comprennent mal. Bien sûr, à la fin, Billy a raison. Nous y avons vu une distinction entre un tenant de l’industrie (Beanes) et ceux de la finance (les autres managers) qui a le mérite de susciter l'intérêt. Scénarisé par les prestigieux Aaron Sorkin et Steve Zaillan (ils servent d'arguments de vente), le film arrive à rendre captivants des aspects peu glamours et assez difficilement compréhensibles pour des Européens. Cependant le long-métrage est parsemé de défauts. D'une part, il est beaucoup trop long (2h13 qui paraissent durer trois jours), avec toute une partie, mielleuse et parfaitement inutile, consacrée à la relation entre Billy et sa fille (Kerris Dorsey). D’autre part, la réalisation est bien trop sage. Certes, Bennet Miller arrive à faire exister les moments d'isolement de son héros, sans doute parce qu'il n'y a pas de dialogues, parce que le déroulement de l'histoire est suspendu, mais la plupart du temps, il ne tire pas grand-chose de son matériau. Aussi, cette fadeur s'associe à une mauvaise gestion du rythme (outre la partie familiale, une triple fin alourdit le propos). Il ne reste finalement de ce Moneyball qu'une histoire à la Rocky (John G Avildsen, 1976) – un loser qui trouve la félicité parce qu'il a foi en lui – en beaucoup moins intense, là où nous attendions une histoire avec un héros plus ambigu comme dans The Social Network (David Fincher, 2010) : après tout, Beanes réduit l'humain dans une équipe de sport à sa simple capacité de production. Cela aurait mérité d'être creusé.
nolan
Note de nolan : 1
Le Stratège (Bennet Miller, 2011)
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