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Les Bêtes du Sud sauvage

30 Décembre 2012 , Rédigé par nolan Publié dans #Critiques de films récents

Pas forcément tentés par les mièvreries à base d'enfants pauvres pour soulager notre conscience de Français moyen, nous nous sommes cependant essayés à la Caméra d'or du dernier Festival de Cannes. Tant mieux, le film est une décharge d'adrénaline, un coup de fouet qui vaut largement un blockbuster réussi. Le tout sans condescendance même si, bon, des fois, on n’est pas loin du bas côté.

 

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Quvenzhané Wallis avec un oiseau

 

Hushpuppy (Quvenzhané Wallis) est une fille de 6 ans qui vit sur une île au fin fond du bayou de la Nouvelle Orléans dans des conditions de salubrité peu optimales. Le ‘‘Bathtub’’(1) est entouré d'eau et séparé de la ville par d'immenses digues qui protègent cette dernière. Le père de Hushpuppy (Wink – Dwight Henry) et d'autres constituent une petite communauté de marginaux qui refusent d'aller dans des foyers pour les gens en difficulté. Ils préfèrent la précarité d'une existence en bidonville presque sans attache avec la société. Libres. Mais si la pêche est bonne et l'alcool fort, il y a quand même un prix à payer, la nature ne fait pas de distinction entre les pauvres et les riches et s'avère bien plus dévastatrice chez ceux qui ne peuvent se protéger. A l'annonce d'une tornade qui menace l'existence même de la petite péninsule, certains partent, d’autres restent. Wink, malgré Hushpuppy, choisit de rester. A elle, donc, d'être aussi forte et déterminée que son papa. Ce qui n'est pas simple quand on a 6 ans, qu'on se demande qui est sa mère et qu'on a un père pas toujours facile à vivre et pas en très bonne santé. Si le cinéaste est fasciné par cette communauté, il évite cependant d'en faire un éloge sans nuance et retranscrit un art de vivre radical et inconscient qu'il estime libérateur. De même, il ne retient pas l’aspect documentaire et préfère donner à son histoire la forme d'un conte en adoptant le point de vue de la jeune enfant. Aussi peut-il, malgré quelques gros plans lacrymaux, s'adonner à un optimisme forcené sans sombrer dans le misérabilisme ni, principal écueil à notre sens, la condescendance. L'électrisante énergie qui parcourt le film permet largement d'y échapper bien qu’il faille admettre que Zeitlin est souvent sur le fil. Tout est une question de mise en scène. La démonstration de force est d'ailleurs impressionnante. Certes, la chance d'avoir d'excellents interprètes (dont, bien sûr, cette petite fille sans laquelle rien n'est possible) aide mais la mise en image change tout. Un autre aurait fait un film hystérique, celui-là est dynamique. Certes, la caméra s'agite mais elle est un électron dans la masse d'organismes qui constituent Les Bêtes du Sud sauvage. La musique aux notes héroïques souligne fortement la fureur de vivre mais s'intègre parfaitement dans le brouhaha permanent (on crie beaucoup, c'est une soupape). L'ensemble est une succession de morceaux de bravoure (le conte a toujours sa part d'aventure) que la courte durée du film empêche de transformer en peu digeste pièce montée. On retiendra bien sûr les scènes aux accents oniriques : les aurochs préhistoriques, le feu d'artifice et surtout la soirée dans un bordel flottant.

Finalement, le film est le pendant positif de  When The Wild Things Are (Spike Jonze. 2009) et, avec sa si séduisante débauche d'énergie, c'est assez fascinés que nous le quittons… avant de retourner, comme tout le monde, à la société de consommation et à son foie gras. En attendant de retrouver bientôt Benh Zeitlin. Après ce premier essai, gageons qu’il ne perdra rien de sa fougue dans les années à venir.

 

Betes-du-sud-2.jpg

Quvenzhané Wallis avec un auroch

 

nolan

 

Note de nolan : 3

 


1 La baignoire mais nous ne sommes plus certains de la traduction retenue dans les sous-titres…

 

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F
<br /> Je fus quelque peu déçu à la sortie de la salle. Oui, c'est un ovni et oui c'est un film à voir de par son statut de petit objet différent. Mais je trouve qu'il ne tient pas sur la longueur.<br /> Justement à cause de cette mise en scène. Qui fascine la moitié du film avant de devenir...hystérique et de perdre le spectateur.<br />
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