Les Pirates ! Bons à rien, mauvais en tout
De la pâte à modeler, une sympathique bande de bras cassés menée par un abruti grandiose, une musique qui inclue London Calling et Ainsi parlait Zarathoustra et, pour couronner le tout, un magnifique dodo comme enjeu principal. Vraiment, on n’en demande pas plus.
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Le Capitaine Pirate et le dodo Polly
Regarder la petite troupe des Pirates se savoure comme un plaisir enfantin. Pas même de sale gosse. Nous pourrions trouver cela un peu court, remarquer que la 3 D (comme d’habitude…) ne sert à rien, juger le spectacle un cran inférieur à ceux de Chicken Run (Peter Lord et Nick Park, 2000) et, surtout, de Wallace et Gromit : Le Mystère du lapin-garou (Steve Box et Nick Park, 2005), regretter l’absence de Nick Park. Mais, nous préfèrerons ne retenir que le très bon moment passé à la fin d’une après-midi d’un pluvieux lundi de Pâques. Il n’y a pas de génie particulier dans le film en pâte à modeler de Peter Lord et Jeff Newitt, juste une multitude de trouvailles qui font que, jamais, si ce n’est peut-être dans l’ultime partie, le rythme ne se perd et le sourire ne nous quitte. Si les interventions en guest-stars de Charles Darwin et de la reine Victoria n’apportent pas véritablement de souffle supplémentaire, la sympathique bande de pirates séduit. Elle est menée par le Capitaine Pirate, un abruti magnifique. Accompagné de ses multiples auxiliaires, cet antihéros, doté d’un étrange charisme, parvient à charmer. Cependant, descendant direct de Wallace, il ne rencontre pas tout à fait son Gromit, avec le fidèle numéro 2, chargé, ad vitam aeternam, de réparer les – grossières – erreurs de son patron. Celui-ci est en quête du titre honorifique de ‘‘Pirate de l’année’’ qui le transformerait, enfin, en star d’une profession dont il est à la risée. Cette histoire n’est que prétexte pour mieux ressortir quelques classiques du studio Aardman (notamment de fameuses courses-poursuites avec, ici, une baignoire pour mener la plus belle d’entre elles) et offrir une joyeuse parodie du film de pirates (genre, à la base, rarement bien sérieux). Et puis, au centre de l’œuvre, au milieu de son bestiaire – largement humain –, il y a l’improbable Polly. Un superbe dodo, extraordinairement expressif, objet de l’attention de tous et de l’inconditionnel amour de l’équipe de bras cassés. Avec ce seul animal, Les Pirates donne toute sa mesure, rappelle la talentueuse propension de ses auteurs à verser dans la plus pure loufoquerie – pour notre plus grand bonheur. Au-delà, nous nous souviendrons une traversée (sur carte) de l’océan au son du London Calling des Clash et de la présentation de Polly, devant un parterre de scientifiques médusés, sur fond d’Ainsi parlait Zarathoustra. Ces deux musiques ayant, pour nous, une inestimable valeur, il est peu surprenant que nous portions une affection toute spéciale aux séquences qu’elles accompagnent. Encore fallait-il qu’elles soient réussies ! Du reste, nous sommes persuadés que chacun découvrira dans ce film les quelques instants à même de franchement le réjouir. Le trésor des Pirates apparaît suffisamment riche pour que tout spectateur de bonne humeur puisse y dégotter bien des pépites…
La bande des pirates
Antoine Rensonnet
Note d’Antoine Rensonnet : 3
Note de nolan : 3
Les Pirates ! Bons à rien, mauvais en tout (Peter Lord et Jeff Newitt, 2012)
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