Melancholia
Nous aurions aimé plus aimer Melancholia. Mais, passée la déception de la sortie de salle, nous y voyons tout de même un film franchement inégal ne cessant d'osciller entre le pire et le meilleur ; Parfois capable de descendre très bas, le métrage arrive, par instants, à toucher des sommets.
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Kirsten Dunst
Nous aurions aimés aimer Melancholia dont le sujet, la bande annonce et la perspective de voir une version de la Laideur aussi forte que les torrents de Beauté offert par le dernier Malick, nous attiraient grandement. Nous imaginions une sorte faux-jumeau de la Palme d'or 2011 par le réalisateur danois dont nous ne connaissons guère l'œuvre. Les critiques positives et notamment celle de Philippe Azoury ont fini de nous convaincre. Las, après une introduction composée de tableaux très réussis annonçant la fin du monde, le film s'embourbe littéralement dans la fustigation de la fête de mariage. Peut-être est-ce parce que nous sommes déjà convaincus qu'il s'agit de « rituels à la con » pour reprendre les mots de la mère (Charlotte Rampling) de la mariée, Justine (Kirsten Dunst), que nous avons trouvé cette partie longue, démonstrative, n’allant pas plus loin que sa dénonciation. Ainsi Justine, après que son père (John Hurt) ait poussé sa mère, Gaby, à dire le fond de sa pensée, plonge (de nouveau comprenons-nous) dans un état dépressif avancé. Elle essaie tant bien que mal de garder la face mais, entourée de gros cons caricaturaux et antipathiques – qu'ils soient méchants tout plein (pauvre Stellan Skarsgard) ou à la limite de l'idiotie (le mari, Alexander Skarsgard) –, parvient à gâcher le mariage. Hormis sa sœur Claire (Charlotte Gainsbourg), ce petit monde ne va que dans un sens et bénéficie d'une haine totale et entière de la part du cinéaste à tel point qu'il oublie qu'un peu de complexité ou d'ambiguïté aurait sans doute permis d'avoir un propos intéressant. On pense évidemment au Festen (1998) de son compère Thomas Vinterberg qui tirait sa force d'une certaine rage et d'une montée en puissance que Von Trier ne donne pas à son film. Aussi, au bout d'une heure pénible, sommes-nous en train d'espérer que la planète Melancholia va s'écraser plus tôt que prévu, que le reste du monde s'est trompé sur le film et puis c'est tout. Mais la seconde partie, qui débute le lendemain de la fête, se resserre sur les personnages des sœurs : Justine la dépressive que la survenance de la planète Melancholia et la fin proche de l'humanité apaise et Claire, sur le fil depuis le début, voyant s'effondrer un à un ce qu'elle considère comme les piliers de sa vie. Même le personnage de son richissime mari John (Kiefer Sutherland), trop épais pour être vrai, prend un certain relief. En outre, le film prend soin de ne pas expliquer certains phénomènes et accorde même au spectateur, lors d'une sortie nocturne de Justine, un temps de poésie et une forme de plénitude macabre. Nous ne savons plus où nous avons entendu ou lu que ces deux sœurs traduisaient les deux faces de son réalisateur mais cette remarque nous paraît pleinement judicieuse – ce que montre un dialogue, peut-être un peu lourd à force de vouloir être percutant, entre Claire, qui voudrait attendre la fin du monde un verre à la main au son d’une musique qui claque, et Justine qui trouve ça merdique. Ce sont là les ratiocinations d’un auteur qui discute avec lui-même. D’ailleurs ce qu'il nous proposait en introduction était déjà cela : de belles peintures apocalyptiques et Wagner à fond les ballons. Le doute total et l'assurance d'avoir quand même plus raison que les autres. La conclusion, elle, est visuellement superbe.
Pas de demi-point sur De son cœur pour avoir une note pile au milieu et après une discussion intense avec soi-même (« Tu sais quoi, il est pas mal ce film quand même ; Non il est merdique. »), nous accordons le bénéfice du doute au long métrage.
nolan
Note de nolan : 3
Melancholia (Lars Von Trier, 2011)
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