Miss Bala
Argh ! Miss Bala de Gerardo Naranjo commence sur les chapeaux de roue : mise en scène racée, scénario dépouillé et narration tendue. Puis au bout d'une heure, le spectateur a compris où le film allait et regarde la suite avec un ennui poli.
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Noe Hernandez et Stéphanie Sigman
Laura (Stephanie Sigman) est une jolie Mexicaine qui décide de concourir au titre de Miss Basse Californie. Alors que sa copine Suzu (Lakshmi Picazo) cherche à faciliter la sélection de Laura auprès de copain flics dans une boîte de nuit, Laura surprend un célèbre trafiquant de drogue, Lino Valdez (Noe Hernandez), débarqué tranquillement avec collègues et mitraillettes, histoire de passer au crible quelques poulets qui lui cherchent des noises. Dans la fusillade qui suit, Laura s'en sort mais perd de vue sa copine. Repérée par les trafiquants, elle devient, malgré elle, un instrument de leur vendetta. Oui, bien sûr, tout est cousu de fil blanc dans cette histoire qui ne recule devant aucune invraisemblance mais, après tout, l'important reste qu'elle serve les choix cinématographiques du réalisateur. Le premier, formel, se traduit par le nombre conséquent de courts plans-séquences très réussis. Jamais tape à l'œil (ils s'inscrivent rarement dans la durée), ils permettent une grande lisibilité (les panoramiques ne manquent pas) et accentuent la tension des situations. Globalement la mise en scène, sèche mais toujours très classe, presque sans musique, ne manque pas de cachet et cloue très rapidement le spectateur sur son siège.
Le second choix est de faire du personnage principal une héroïne passive. Il suscite d'abord un fort intérêt. En effet, Laura n'agit pas. C'est à peine si elle réagit. Terrorisée, elle s'exécute à chaque fois. Sa seule action (aller voir la police pour retrouver son amie) marque le début de ses déboires avec le Cartel. Ses perspectives de fuite sont limitées (elle sort parfois par les portes de derrière mais ne va pas bien loin). Laura, c'est la métaphore du peuple mexicain, coincé entre de dangereux trafiquants et des flics véreux, qui survit plus qu'il ne vit. Cette idée de passivité, qui prend sa source dans la peur et le désespoir, est très bonne mais le développement s'arrête au bout d'une heure. Une fois que nous savons que la parabole va renvoyer dos à dos le pouvoir et le banditisme, le fil blanc prend l'allure de grosse ficelle, voire d'énorme cordage. Du coup, bien que le film soit toujours fort bien mis en image, nous finissons par, tout doucement, nous ennuyer…
nolan
Note de nolan : 2
Miss Bala (Gerardo Naranjo, 2011)
Commenter cet article