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Mon pire cauchemar

14 Novembre 2011 , Rédigé par Antoine Rensonnet Publié dans #Critiques de films récents

Sur un thème éculé, Mon pire cauchemar avait peu de chances d’atteindre les sommets. Mais, bon, Poelvoorde et Huppert réunis et stéréotypés, cela aurait pu donner une honnête comédie. Si l’on supporte la grossièreté, on y a droit pendant trois quarts d’heure. Après…

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MPC 1Patrick (Benoît Poelvoorde) et Agathe (Isabelle Huppert)


Sur le thème archi-rebattu de la rencontre improbable entre la « bonne » société et le marginal absolu, on ne s’attendait pas, avec Mon pire cauchemar, à un chef-d’œuvre subversif à la Boudu sauvé des eaux (Jean Renoir, 1932). Mais, bon, voir Poelvoorde qui possède une vraie puissance comique pour peu que le dispositif soit, a minima, adapté (ainsi C’est arrivé près de chez vous de Rémy Belvaux et André Bonzel en 1992 ou Le Vélo de Ghislain Lambert de Philippe Harel en 2001), et Huppert se frotter l’un à l’autre pouvait receler quelque léger attrait. Admettons que le début, quoique surchargé de vulgarité (assumée), est d’une correcte facture comique. Pas d’exposition ou très peu et, tout de suite, avec l’entrée en jeu de l’élément désorganisateur, la confrontation attendue entre le beauf ultra-caricatural (Patrick – Benoît Poelvoorde qui assure le show) et la bourgeoise froide et cassante (Agathe – Isabelle Huppert, à l’aise) arbitré par le compagnon de la seconde (François – André Dussolier, en roue libre). Si l’on n’est pas trop regardant sur la finesse, les gags et le tandem fonctionnent, les deux héros campant parfaitement leurs stéréotypes respectifs. Le problème, c’est que cette situation de départ ne peut, à elle seule, constituer un film. On se doute qu’Agathe va évoluer, laisser affleurer quelques failles et envies derrière son apparente rigidité. Mais il faut, au surplus, qu’elle succombe au charme, animal et alcoolique, de Patrick. Or, il est inexistant, le personnage ne possédant pas la moindre parcelle de poésie corrosive (à l’inverse d’un Boudu – Michel Simon –, donc). Quant à la découverte de l’altérité, elle se résume à une assommante suite de clichés (seule bonne idée : l’incapacité du très décomplexé Patrick à tutoyer une Agathe qui l’impressionne) et de discours convenus. Même s’ils le frôlent (avec l’embryon d’un propos, particulièrement confus, sur l’art contemporain), ceux-ci ont cependant le bon goût d’éviter le populisme. On apprécie ainsi que Mon pire cauchemar ne bute pas sur le pire écueil qui se présentait à lui : prendre résolument le parti de Patrick en nous montrant combien son âme, malgré tout, est belle quand celle des riches est affreuse – sauf à ce qu’un révélateur ne leur indique un nouveau chemin de vie. De fait, avec une Isabelle Huppert qui tient honorablement la baraque, c’est autour d’Agathe que se construit l’ensemble du film. Ce qui ne l’empêche pas de rapidement sombrer puisque le personnage de Patrick ne peut, lui, que rester prisonnier de sa caractérisation première. L’inévitable décoinçage de la bourgeoise est d’un ridicule achevé et n’amène pas même à la fin. Il faut encore qu’Anne Fontaine fasse s’enfoncer le tout dans un interminable mélodrame. Sans autre intérêt que d’offrir une conclusion qui semble ne jamais devoir venir. Il y avait pourtant vingt bonnes minutes à gagner d’autant que rien ne vient élever le niveau. Seuls quelques nouveaux gags (allez, Poelvoorde en train de beugler Antisocial, ça vaut tout de même un léger coup d’œil), qui ne sont que des doubles de ceux de la première partie, permettent que l’ennui ne soit pas total au long d’une dernière demi-heure. Au cours de celle-ci, Patrick fait des allers-retours dans la vie d’Agathe et, partant, dans un film qui, depuis longtemps, a perdu ce qui faisait son initiale et relative efficacité : le rythme. Comédie bancale, grossière, échouant complètement à dépasser ce sur quoi reposait son argument éculé et s’enlisant progressivement jusqu’à devenir franchement poussive, Mon pire cauchemar est bien loin d’être une réussite. Et si elle est, par instants, un peu drôle, elle laisse l’impression que de son parti-pris, de son sujet donc, il n’y avait pas grand-chose à tirer, sauf à faire montre d’une ambition complètement absente. 

 

MPC 2Patrick et Agathe

 

Antoine Rensonnet

 

Note d’Antoine Rensonnet : 1

 

 

Mon pire cauchemar (Anne Fontaine, 2011)

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A
<br /> C'est sûr que tout se résume à Poelvoorde faisant son show. Il est assez drôle mais ne crée évidemment aucune brèche (bien loin de Boudu donc) dans l'ordre établi.<br /> <br /> <br /> Mais le pire, si je puis dire, c'est qu'il soit évité par le vide. Aucune esquisse de discours politique, ni de réflexion sur l'art. Et heureusement ! Parce qu'à ce niveau, ça donnait, dans le<br /> premier cas, un discours iréniste de réunion des classes niant tous les problèmes sociaux (une certaine tendance du cinéma qui marche fort...) et, dans le second, un autre, franchement<br /> poujadiste, dans lequel l'art (contemporain) n'était pas seulement ramené à sa dimension marchande mais présenté comme une arnaque (même remarque). Ces écueils, qui auraient rendu le film<br /> détestable, sont évités - parfois de justesse. C'est donc simplement mauvais.<br /> <br /> <br /> Quant au personnage de la jeune femme, il aurait, effectivement, pu entraîner le film vers d'autres rivages (notamment parce qu'il s'opposait aux deux héros liés au monde urbain) mais est, comme<br /> beaucoup de choses, totalement bâclé.<br /> <br /> <br /> Enfin, Huppert me semble être enfermée par son rôle. D'abord, simple faire-valoir de Poelvoorde. Ensuite, pilier d'un film épuisé depuis longtemps. Je ne veux pas trop l'accabler, je ne vois pas<br /> trop ce qu'elle aurait pu faire d'autre (encore une fois, comment aurait-elle pu faire sentir un désir naissant pour Poelvoorde quand on se demande bien par quel miracle, si ce n'est celui des<br /> nécessités scénaristiques, celui-ci peut la séduire ?).<br /> <br /> <br /> Bref, la bande-annonce suffisait...<br />
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Z
<br /> Le titre aurait du nous alerter , mais non , on croit en toute confiance que les acteurs suffiront à créer une vraie ambiance de comédie. En fait tout est convenu y compris cette grossièreté<br /> creuse, abrutissante et le jeu d'Isabelle Huppert d'un film à l'autre tend à devenir caricatural ou (ce qui est presque pire) pathologique... Tout le propos est d'une incroyable<br /> rigidité; les gens semblent vivre dans des catégories figées, soit qu'ils sont blasés, soit qu'ils sont blessés. L'art est une fois de plus seulement un business où le goût est dévoyé et la<br /> supercherie reine. Le seul personnage qui aurait pu nous sortir de ce schéma vu et revu , c'est celle de la jeune femme dont la passion est les arbres : hélas , elle s'avère une écolo obsédée par<br /> d'insensés régimes et cette passion qui aurait pu être une bouffée d'air poétique devient quelque chose de poussif et ridicule. La comédie n'implique pas , que je sache , qu'on ne puisse planer<br /> ...<br />
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A
<br /> Oui, attendre, le DVD me semble assez sage. J'ai eu l'occasion d'en parler avec nolan : c'est une bonne comédie pour qui est fatigué ; il rigole pendant une demi-heure puis s'endort doucement. Du<br /> coup, ça détend.<br /> <br /> <br /> Mais, Fred, pas d'avance rapide sur les vulgarités puisque le côté caricatural et outrancier de Poelvoorde fait partie du très léger charme de l'entreprise. Par contre, le mélo, ouh, la, la.<br /> Quant à la confrontation culturelle, si on veut une réflexion, on peut repasser.<br />
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N
<br /> Ouais moi aussi, la critique d'Antoine m'a un peu refroidi alors que la bande annonce m'avait plu.<br />
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F
<br /> <br /> OK on attendra le DVD. On fera avance rapide sur les vulgarités ^^<br /> <br /> <br /> <br />
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