Musique et cinéma
Ça tourne en ce moment : la musique au cinéma ou le cinéma en musique. Bon, je rends moi aussi ma copie. Problème, ma culture cinéphilique souffre, en ce domaine, de limites assez dramatiques. J’aurais quand même essayé…
----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Musique et cinéma
Le révérend Samuel Runt (Murray Melvin), la comtesse Honoria de Lyndon
(Marisa Berenson) et Lord Bullingdon (Dominic Savage)
dans Barry Lyndon (Stanley Kubrick, 1975)
La musique au cinéma. Pour relayer l’excellente initiative de quelques collègues, je me penche rapidement à mon tour sur ce sujet passionnant – et si vaste. Au-delà du rappel de la constante vampirisation des autres arts opérée par le cinéma, c’est surtout pour constater mes faiblesses. Je n’ai vu aucun film de Vincente Minnelli (OK, je me flagelle), ni Chantons sous la pluie (Stanley Donen et Gene Kelly, 1952 ; d’accord, je recommence), pas plus que West Side Story (Jerome Robbins et Robert Wise, 1960 ; là, j’arrête parce que je commence à avoir mal au dos et que ce film ne me tente qu’à moitié). Bref, c’est une catastrophe. Donnons quand même une liste de cinq (ce n’est pas beaucoup, je sais) comédies musicales que j’affectionne – sans autre ordre que chronologique :
- Beau fixe sur New York (Stanley Donen, 1955).
- Phantom of the Paradise (Brian de Palma, 1974).
- The Rocky Horror Picture Show (Jim Sharman, 1975).
- L’Etrange Noël de monsieur Jack (Tim Burton et Henry Selick, 1993).
- Tout le monde dit I love you (Woody Allen, 1996).
Complétons en rappelant combien quelques musiques furent sublimées par certains réalisateurs autant qu’elles sublimèrent certaines de leurs meilleures séquences :
- Entre mille autres exemples dans l’œuvre de Stanley Kubrick : l’utilisation du splendide Trio pour piano, violon et violoncelle en mi bémol de Franz Schubert dans Barry Lyndon (1975) lors de la rencontre entre Barry (Ryan O’Neal) et Lady Lyndon (Marisa Berenson).
- La Chevauchée des Walkyries dans Apocalypse Now (Francis Ford Coppola, 1979), bien sûr.
- Une chanson de Pink Floyd (dont le titre m’est inconnu) à la fin de Zabriskie Point (Michelangelo Antonioni, 1970).
- Pitbull (titre mixé par Pink Evolution) dans Chat noir, chat blanc (Emir Kusturica, 1998).
- La Lettre à Elise de Ludwig van Beethoven dans Elephant (Gus Van Sant, 2003).
- La Passion de Jean-Sébastien Bach au début du Sacrifice (Andreï Tarkovski, 1986).
Rendons également hommage à Jim Jarmusch dont tout le cinéma est transcendé par sa culture musicale ; en ce sens, Ghost Dog, la voie du samouraï (1999) est une sorte d’absolu.
Signalons aussi deux biographies musicales récentes très convaincantes : I’m Not There (Todd Haynes, 2007), portrait diffracté de Bob Dylan, et Control (Anton Corbjin, 2007) consacré à Ian Curtis, leader de Joy Division.
Rappelons un plaisir de jeunesse toujours renouvelé : Astérix et Cléopâtre (René Goscinny et Albert Uderzo, 1968) avec ses trois chansons (« Le bain de Cléopâtre » ; « Quand l’appétit va, tout va » ; « Le pudding à l’arsenic »).
Terminons par deux déceptions. Serge Gainsbourg, qui avait tout compris de la liaison entre cultures populaire et élitaire , qui est l’un des nœuds du XXe siècle, mais ne sut jamais l’exprimer au cinéma. Jean-Luc Godard lui y arriva – peut-être plus que nul autre. Malheureusement, quand il rencontre, pour One + One (1968), les Rolling Stones en train d’enregistrer Sympathy for the Devil, il n’y voit qu’un groupe et qu’une chanson parmi d’autres quand il a devant lui LE groupe et LA chanson. Mais, bon, pour l’ensemble de son œuvre, et rien que pour l’utilisation du Boléro de Ravel dans Lettre à Freddy Buache. A propos d’un court-métrage sur la ville de Lausanne (1982), il lui sera tout pardonné. A Gainsbourg aussi, d’ailleurs.
Par contre, on ne saurait excuser en rien Xavier Dolan pour son si consciencieux massacre de Bach dans le navrant Les Amours imaginaires (2010). A monter le son à fond pour accompagner des images affreuses qui illustrent un propos inepte et convenu, il réussit à ramener certaines œuvres du compositeur germanique au niveau de chansons d’Indochine. Ce qui, admettons-le, est tout de même un sacré tour de force…
Voilà, voilà.
Jean-Luc Godard dans Lettre à Freddy Buache. A propos d’un court-métrage sur la ville de Lausanne
(Jean-Luc Godard, 1982)
Antoine Rensonnet
Commenter cet article