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Pourquoi il est hors de question que j’aille voir Le petit Nicolas

20 Octobre 2009 , Rédigé par Ran Publié dans #Réflexions pointues sur films obtus

Il y a des films que l’on choisit d’aller voir, d’autres que l’on va voir un peu par hasard, certains que l’on regrette de ne pas être allé voir. Il y a, enfin, des films que l’on choisit de ne pas aller voir. Le petit Nicolas, sorti récemment, en fait partie.

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Il y a des films que l’on choisit d’aller voir, d’autres que l’on va voir un peu par hasard, certains que l’on regrette de ne pas être allé voir. Il y a, enfin, des films que l’on choisit de ne pas aller voir. Au-delà des critiques – et celle de mon acolyte ne fait que renforcer mon point de vue – lues ici et là, Le petit Nicolas (Laurent Tirard, 2009), sorti récemment, en fait partie. Trois raisons me poussent à ne pas faire le déplacement.

 

Tout d’abord, il semble bien que ce film, situé à la fin des années 1950 et au début des années 1960, n’échappe pas à cette mode de la célébration des valeurs de la France d’hier ou d’avant-hier. Ce lamentable « c’était mieux avant », qui – je le répète – n’a rien à voir avec l’auto-vampirisation du cinéma qui préoccupe de grands artistes, mais dans lequel affleure un ton réactionnaire à donner la nausée. Ainsi, Le petit Nicolas semble bien appartenir à cette série de films pseudo-nostalgiques dont Jean Becker ou Christophe Barratier, pour ne citer qu’eux, se sont faits les spécialistes.

 

Ensuite, ce film – c’est logique – fait la part belle aux enfants acteurs. Or, (réellement) nostalgique de ma propre enfance, je déteste voir des enfants se livrer sans pudeur au regard des caméras et faire leur numéro, prostituant ainsi l’un de leurs biens les plus précieux, leur jeunesse – temps où le regard des autres devrait normalement se faire moins pressant. On pourra certes me répondre qu’il existe des films dans lesquels de très jeunes acteurs se montrent brillants étant parfaitement cadrés par de géniaux directeurs d’acteurs. C’est, par exemple, le cas de Jon Whiteley dans Les contrebandiers de Moonfleet (Fritz Lang, 1955) ou encore de T.J. Lowther dans Un monde parfait (Clint Eastwood, 1993). Mais les quelques extraits qui me furent imposés du Petit Nicolas m’ont convaincu, sans peine, que ce film n’était pour les enfants retenus que l’occasion de faire un répugnant numéro de singes savants.

Enfin, il s’agit là d’une adaptation d’une œuvre de René Goscinny. Je n’ai jamais reproché au cinéma de s’emparer de la littérature, ni même d’en trahir l’esprit. Mais il me semble que les responsables du projet souhaitaient conserver celui-ci. Or, il y a bien chez ceux-ci – notamment la fille de Goscinny – une incompréhension fondamentale de ce qui fait l’humour de cet auteur. S’il est si solide, s’il résiste au temps et est accessible aux enfants comme aux adultes, c’est qu’il repose sur une vision assez négative du monde. Que ce soit dans Le petit Nicolas, Astérix, Lucky Luke ou Iznogoud[1], l’humanité se caractérise toujours par une bêtise assez profonde, voire une lâcheté évidente. Ainsi, chez René Goscinny – tout comme, par exemple chez Tex Avery – l’humour est toujours largement teinté de noirceur. Une adaptation littérale ne peut donc obérer cette dimension. Or, sauf à lourdement me tromper, Le petit Nicolas version cinématographique n’est rien d’autre qu’une grosse production gentillette destinée à rassurer le public. Mais, encore une fois, je n’irai pas vérifier.

 

Ran



[1] Ainsi, dans cette bande dessinée, si le grand vizir peut se voir comme une certaine incarnation du mal, son double bénéfique, le calife, est avant tout un parangon de stupidité.

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