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Rien de personnel

29 Octobre 2009 , Rédigé par Ran Publié dans #Critiques de films récents

Un film sur la dureté des rapports sociaux au sein de l’entreprise. Un de plus, certes. Mais, grâce à la bonne performance des acteurs et surtout une habile construction scénaristique, il trouve un intérêt certain.

 

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Jean-Pierre Daroussin et Mélanie Doutey

 

Une soirée réservée aux cadres d’une grande entreprise de produits pharmaceutiques ; en fait, un jeu de rôles destiné à se séparer des éléments les moins performants.

 

Voilà un film qui tire le meilleur parti d’une construction scénaristique habile. En effet, si l’idée – ce fameux jeu entre réel diégétique et réel cinématographique – de ne pas suivre une narration chronologique et d’offrir au spectateur différents éléments qui ne prennent que progressivement leur sens en changeant le point de vue (on adopte généralement celui de l’un des héros) n’est pas nouvelle, Mathias Gokalp met cela en scène de façon tout-à-fait réussie (malgré quelques points larges inutiles sans doute destinés à des effets esthétiques qui n’offrent rien au film). On peut y voir deux raisons. D’une part, l’excellente performance d’ensemble des acteurs principaux (mention spéciale à Denis Podalydès en délégué syndical complètement perdu devant ce qu’il voit) puisqu’il s’agit là d’un de ces films que l’on nomme – je trouve le terme affreux – choral. D’autre part, et surtout, la densité de l’œuvre. Si, on l’a dit, le réalisateur se perd parfois dans des plans hors de propos (on pourrait ajouter que le découpage en chapitres – annoncés par des cartons – n’apporte pas grand-chose), dans l’ensemble, le film forme un bloc cohérent. On remarquera d’ailleurs que celui-ci est d’ailleurs court (une heure trente à peine) et respecte la règle des trois unités. N’en doutons pas, cela fait beaucoup pour son homogénéité.

 

Quant au propos, on pourrait le trouver sans intérêt. En effet, montrer la dureté des rapports sociaux dans une entreprise n’a rien de véritablement nouveau. Cela n’est pas faux. Mais en restreignant sa perspective aux cadres – donc ceux qui, dans l’entreprise, ont accepté ce jeu social – Mathias Gokalp évite partiellement ce défaut. Surtout en se concentrant sur une soirée de jeu de rôle, on peut voir comment celle-ci contamine l’ensemble des relations entre individus et notamment les rapports amoureux. De plus, évitant le manichéisme, Mathias Gokalp montre également d’autres liens qui, à l’inverse, se tissent ou se retissent. Ainsi Jean-Pierre Darroussin et Bruno Podalydès sympathisent-ils à l’issue de la soirée alors que le couple (boîteux) formé par Zabou Breitman et Bouli Lanners semble retrouver une certaine force dans l’épreuve qu’il a traversé.

 

Bref, s’il ne s’agit sans doute pas d’un chef d’œuvre et, en aucun cas, du film fondamental sur l’entreprise – ou, plus largement, le libéralisme – au début XXIe siècle, Rien de personnel reste un divertissement agréable – notamment parce qu’il a su éviter l’écueil de s’enferrer dans un discours social sans intérêt – et, dans l’ensemble, bien maîtrisé. Une réussite, donc.

 

Ran

 

Rien de Personel (2009) de Mathias Gokalp

 

Note de Ran : 3

 

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