Sin Nombre
C’est sur le schéma classique de l’histoire d’amour impossible entre un gangster et une jeune fille pure que se déroule l’histoire de ces migrants. La passion qu’éprouve Sayra pour Casper est bien compréhensible : il la sauve d’un viol, c’est un héros, mais il se retrouve bien seul sur ce train avec les migrants qui l’évitent, c’est un petit oiseau blessé qu’elle veut protéger. Il faut ajouter à cela la posture du destin tragique du romantique déjà mort dans son cœur.
C’est bien évidemment le contexte de cette passion qui donne tout le sel de ce rail movie : le voyage des migrants vers le Nord littéralement sur le train. La description des conditions de ce voyage entre la police des frontières au Mexique, les enfants qui passent près des trains et qui jettent soit des fruits, soit des cailloux , la volonté tenace de recommencer encore et encore en cas d’échec…sont autant d’éléments que j’ai suivi avec intérêt de mon siège d’occidental bien né (ou mieux né, je ne suis pas Jean Sarkozy).
Edgar Flores et Paulina Gaitan qui ne sont pas Jean Sarkozy
A cette volonté de partir, le réalisateur oppose la Mara, qui semble être la seule issue sociale dans le pays. Sans eux, pas de protection, pas le droit de vivre, à peine le droit de fuir puisqu’ils rackettent les partants qui attendent sur les rails. La Mara apparaît comme un réseau tentaculaire. Lancée à la poursuite de Casper pour lui faire payer son forfait, elle se répand dans toute l’Amérique Centrale jusqu’à Los Angeles. La Mara, c’est aussi l’initiation d’un jeune garçon de 12 ans, Smiley, qui fait le coq devant ses amis mais qui semble ne plus trop savoir s’il a vraiment fait le bon choix. Le problème, c’est que le réalisateur dépeint les membres du gang comme des débiles profonds. Il faut voir le chef, méchant de série B, violeur maladroit, qui déguise son bébé, décider, après avoir commis l’irréparable aux yeux de Casper, de partir avec ce dernier braquer les migrants, uniquement accompagné de Smiley. J’ai même cru un moment qu’il le faisait exprès pour se faire tuer. Nous ne voyons que des petits voyous à la gâchette facile avec un code de l’honneur des plus ridicules végéter tranquillement en attendant de pouvoir se battre avec un autre gang. Dans Gomorra (2008), les mafiosi n’étaient pas classes du tout et parfois très cons mais la description du milieu avait autrement plus de relief.
Sin Nombre (2009), de Cary Fukunaga
Note de nolan : 2
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