Source code
Puisque c’est la mode, Source Code voyage dans le cerveau, dans le temps et dans un monde parallèle. Cela fait beaucoup pour un seul film dont l’aspiration principale est le divertissement. Mais il est réussi et l’on ne peut que regretter qu’il n’ait pas cherché à être un peu plus.
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La femme inaccessible :
elle va exploser/elle a explosé (Michelle Monaghan)
Duncan Jones a un incroyable papa, c’est David Bowie. Autant dire que ce n’est pas de la merde. Se trouvant une âme d’artiste, le rejeton a eu la brillante idée de ne surtout pas faire comme son père. Et après une carrière dans la pub et le jeu vidéo, le voici, depuis deux films, entré pour de bon dans le monde du cinéma. Et ce Source Code, s’il est présenté comme un film de commande dont Duncan Jones n’a pas signé le scénario, n’est pourtant rien d’autre qu’une version grand public de Moon, sa première œuvre réalisée en 2009 : on retrouve les espaces confinés, le personnage principal dont l’existence est questionnée et qui lutte contre un système plus fort que lui, les regrets et le temps qui nous file entre les doigts.
Moon occupe un modeste strapontin dans le cortège de grands films de science fiction qui servent ici de modèles : La Jetée (Chris Marker, 1962), l’Armée des 12 singes (Terry Gilliam, 1996), 2001, L’odyssée de l’espace (Stanley Kubrick, 1968), Brazil (Terry Gilliam, 1985), Solaris (Andrei Tarkovski, 1972), ... Et ce Source Code étant une version light mais vitaminée du film précédent, devra sans doute rester debout près de la sortie. Cela ne veut pas dire qu’il faille négliger le talent de Duncan Jones et il nous paraît même légitime d’espérer de sa part quelques films de haute tenue à l’avenir. Source Code parle de libre-arbitre comme son collègue de science-fiction sorti il y a trois semaines (L’Agence de George Nolfi) mais il cherche avant tout à jouer du suspense puisque le héros Colter Stevens (Jake Gyllenhaal) doit identifier le responsable de l’explosion d’un train de banlieue en revenant perpétuellement huit minutes avant la déflagration dans la peau d’une des victimes. Le spectateur pensera en plus des références suscitées, d’une part, à la série Code Quantum créée par Donald P. Bellisario (1989 – 1993[1]) et, d’autre part, au culte Un jour sans fin de Harold Ramis (1993). Evidemment Colter va tomber amoureux de sa très charmante voisine de train (Michelle Monaghan). Lorsqu’il se trouve de retour dans le présent, il est coincé dans une capsule ayant pour principaux interlocuteurs – par écran interposé – la tout aussi charmante capitaine Coleen Goodwin (Vera Farmiga) et le fort peu charmant Dr Rutledge (Jeffrey Wright). Bien sûr, l’acte terroriste est ici un pur macguffin dans un film qui prend quelques accents hitchcockiens , les connotations sexuelles en moins. Ce qui compte, c’est bien comment Colter Stevens va devenir quelqu’un d’autre (et l’on pense alors à cette référence ultime qu’est La Mort aux trousses, 1959) pour vivre l’amour de sa vie avec une femme qui, normalement, explose avec les autres – ce qui pose l’évident problème de pérennité de leur couple… En serrant bien la durée (une petite heure et demie), en limitant les lieux (train, capsule et salle militaire), le film occupe bien les espaces (d’ailleurs les sorties sur les quais de gare sont moins amusantes) et n’ennuie jamais. Ainsi, et grâce à Jake Gyllenhaal et aux yeux azur de Vera Farmiga, on pardonne largement les quelques sucreries que l’on tâche de nous faire avaler dans la dernière partie à grands renforts de violons (comme dans L’Agence, décidément, la musique est assez soûlante). Mais il nous semble que le happy end est trompeur (à vous de voir). Et on ne peut s’empêcher de regretter que l’ambition du film n’ait pas été plus grande. Il n’est pas forcément question de passer par la case « conte philosophique » mais tâcher de sortir de son statut de produit sans pour autant perdre sa qualité de divertissement ne nous aurait pas paru insurmontable pour l’auteur.
nolan
La femme inaccessible 2 :
elle n'est pas là physiquement (Vera Farminga)
Note de nolan : 3
Source Code (Duncan Jones, 2011)
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