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Tabou

27 Décembre 2012 , Rédigé par nolan Publié dans #Critiques de films récents

Noir et blanc, image carrée, trois euros de budget, acteurs muets ou mutiques et, en plus, portugais. On croit aller voir une version longue du (très bon) sketch des Inconnus (Thérèza ?.. Thérèza ?..). Pas du tout. Le charme du film reste mystérieux mais gribouillons quelques mots pour en dire bien.

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tabou.jpgAna Moreira et Carloto Cotta

 

La puissance romantique de Tabou repose sur le fragile équilibre de sa mise en scène. Avec ses deux parties distinctes aux deux procédés formels différents (avec l'absence de couleur en commun), le film pourrait apparaître comme une coquetterie boursouflée, celle de la mécanique formelle qui semble vouloir montrer à quel point le cinéaste connaît le cinéma, les grands auteurs du muets et ceux plus récents (Bergman et Antonioni nous a-t-il semblé, voire le plus contemporain Weerasethakul) et sait le réinventer, le compiler, le digérer de nouveau, à l'image de la seconde partie aussi muette dans la bouche des acteurs que sonore avec son omniprésente voix-off et des bruits de l'environnement (la musique comme les pas). On se plaît même à penser que le même film réalisé par un auteur hollywoodien n'aurait sans doute pas reçu autant de louanges critiques pour cette raison. Mais là n'est pas le sujet. Car Tabou performe. Miguel Gomes réussit effectivement à mettre sa proposition formelle au service d'un puissant souffle romantique. Ce, en rendant indissociables les deux parties, la seconde, apparemment indépendante, tire en effet sa force de la première. Entre Portugal et Mozambique, le long métrage offre une galerie de clowns tristes sur fond de passé colonial. Clowns parce l'œuvre ne manque pas d'humour et pas seulement dans sa burlesque introduction. Entre une absurde visite de grotte, l'anniversaire tout sauf festif de la très placide Santa (Isable Cardoso) et les élucubrations d'une vieille folle (Aurora – Laura Soveral) ou d'un peintre aussi avisé que peu talentueux, les sourires ne sont pas rares. Tristes parce que ces moments servent aussi à souligner l'infinie solitude d’êtres vivant tous dans le souvenir d'une période révolue quoique pas forcément meilleure. Si Pilar (Teresa Madruga), la catholique au grand cœur, reste la plus mystérieuse, elle figure le lien avec le spectateur qui, inévitablement, s'attache à elle et savoure comme elle l'histoire d'amour perdu et interdit que raconte soudain le vieil aventurier de Gian Luca Ventura (Henrique Espereto Santo). Le film s'ouvre alors comme une fleur dans un flashback faussement vintage : grain de pellicule, technique outrée de jeu, bruitages et chaude voix off qui se mélangent à des techniques de filmage moderne (travelling, éclairage,...) ou rudimentaires (qui, notamment dans cette fête au côté home movie, font penser à des images d'archives). Mais cela le spectateur ne le voit plus, emporté par le mélodrame au sein d'une ferme de colons au Mozambique. Le coup de foudre entre en résonance de manière complexe avec les personnages du présent. Il y a la projection du fantasme amoureux, mais également le questionnement d'une société sur l'héritage du passé. Gomes ne fait pas passer de discours par la force et cherche, par une histoire simple et un procédé formel clairement délimité, à provoquer un panel d'émotions diffus.

Aussi les charmes indéniables de l'œuvre conservent encore plein de mystères, à l'instar du jeune crocodile fugueur de la jeune Aurora (Ana Moreira), qui revient sans cesse et inexplicablement dans la maison de Ventura (alors interprété par Carloto Cotta).

 

nolan

 

Note de nolan : 4

 

Tabou (Miguel Gomes, 2012)

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A
<br /> Je ne veux pas répondre pour mon collègue auteur de la critique mais, pour ma part, non, pas du tout.<br />
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Y
<br /> euuuuuuuuuuuuuuuh.... Mais vous avez pas trouvé tout ça un (gros) chouia ennuyeux?<br /> <br /> <br />  <br />
Répondre
N
<br /> <br /> nope mais j'ai eu peur, c'est ce que j'ai écrit dans mon intro. Franchement, je n'ai pas regardé ma montre, ni piqué du nez.<br /> <br /> <br /> <br />
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