Ted
Plutôt client des comédies américaines, même si rarement complètement satisfait, on ne s'attendait pas à une telle purge. Ni drôle, ni insolent, ni suffisamment débile, le film, en l'absence de réalisation, de direction d'acteurs et de scénario, n'en est même pas un.
Ted (réussis effets spéciaux),
Mark Walhberg (mauvais comme un cochon)
et Mila Kunis (au minimum syndical)
A la fin de Ted, le narrateur (Patrick Stewart) raconte que Sam Jones (l'inénarrable interprète de Flash Gordon – Mike Hodges, 1980 – film totem des héros) vit en collocation avec Brandon Routh qui jouait Superman dans Superman Returns (Bryan Singer, 2006), « souvenez-vous, cette énorme bouse ! ». Certes, Superman Returns est un film raté mais, au moins, Singer essayait de faire du cinéma. Seth MacFarlane ne cherche, à notre sens, rien d'autre qu'à nous prouver qu'il a toujours une bonne vanne scabreuse dans la poche (dont le niveau dépasse rarement celle que l’on entend au bureau). A partir d'un pitch quasiment correct et d'une introduction presqu'encourageante, le réalisateur étale son absence totale d'inspiration pendant 1h45. Un homme (Mark Walhberg qui a visiblement décidé d'arrêter de jouer) ne peut se séparer de son ours en peluche devenu vivant (la voix de Seth MacFarlane), ce qui pose problème car sa petite amie (Mila Kunis) n'attend qu'une chose, c'est qu'il devienne un homme donc qu'il l'épouse. Pourquoi pas, il y a de quoi faire sur ce thème : une romance sucrée, une comédie acidulée voire (mais on ne comptait pas trop dessus), une satire aussi méchante qu'hilarante de l'Américain moyen perdu entre ses fantasmes adolescents bien médiocres et sa vie d'adulte morose et rangée des voitures. Seth MacFarlane ne fait rien de tout cela. C'est simple, on finit par se demander s'il ne se fout pas complètement de ce qu'il réalise ou plus simplement s'il ne fout pas de la gueule du spectateur (il n’aurait d’ailleurs pas complètement tort : lors de la séance à laquelle j'ai assistée, la salle a applaudi – Seth si tu nous lis, sache que le succès de ton carton planétaire va peut-être se propager en France). On ne s'étendra pas sur le nombre stupéfiant de gags foirés par manque de timing (où est passé le train d'enfer des Griffin la série dont il est le créateur et qui m'a arraché quelques sourires grâce à cette overdose de gags débiles ?), ni sur la course poursuite finale, véritable honte scénaristique, de si piètre qualité qu’elle arrive à peine la cheville du bas du panier des téléfilms de Disney Channel, mais les arguments marketing du film méritent un petit mot : les guest stars, l'insolence, la puérilité.
Donc, de supers clins d'œil : Ryan Reynolds embrasse un homme et Ted dit à Norah Jones qu'il la baiserait bien encore une fois. Ah ah. Au moins Sacha Baron Cohen traitait-t-il Megan Fox comme une prostituée, c'est à dire qu'il jouait (pas toujours adroitement) de l'image publique des peoples. Mais peut-être faut-il envisager de faire un break avec ses sketchs de stars (penser à rapidement envoyer cette suggestion à Hollywood)…
Point d'insolence bien sûr : l'ordre et la morale vont régner comme jamais, c'est le prix à payer pour dire « bite » et « interdit aux Juifs et aux Mexicains » dans un film. Dans un des gags ultra prévisibles (l’ours en peluche fait une danse de plus en plus obscène devant une caissière – Jessica Barth), Ted finit par dire ''bon c'est là qu'on franchit la ligne » en voyant ladite caissière ne plus rire du tout. Et à remarquer ainsi où se situe la limite de MacFarlane, on se dit que ses concurrents directs (Will Ferrel, Sacha Baron Cohen, Simon Pegg) peuvent se reposer sur leurs deux oreilles (du point de vue de la qualité parce que commercialement, le créateur d'American Dad possède une grosse longueur d'avance, ce n'est pas pour nous rassurer).
La puérilité « assumée », enfin, censée rendre le film « hilarant », n'existe pas plus. Ted n'est pas puéril. Il s'amuse rarement et, tout au contraire, son verbiage est un brin cynique, moquant la misère de ces interlocuteurs, parfois avec un certain talent, le plus souvent en vain.
Bref, c'est nul.
nolan
Note de nolan : 0
Ted (Seth MacFarlane, 2012)
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