The Amazing Spider-Man
Que dire ? Ce n’est pas que le genre film de super-héros produise des chefs-d’œuvre à tour de bras ou que l’on attendait grand-chose de ce ‘‘reboot’’ du Spider-Man de Raimi. Mais, quand même, que le film de Mark Webb soit nul à ce point… C’en est presque surprenant !
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Spider-Man (Andrew Garfield)
« Ce n’est pas un justicier, c’est un anarchiste », tranche, lapidaire, le capitaine Stacy (Denis Leary) à propos de Spider-Man (Andrew Garfield). Evidemment, ce gros con réactionnaire, si fier de faire respecter ‘‘la loi et l’ordre’’, se plante complètement (rassurez-vous, il aura tout le temps de se raviser). Spider-Man est bien un justicier, dont l’action rentrera parfaitement dans les clous sociaux. Voudrait-on inventer un héros moins anarchiste que, clairement, on ne le pourrait. En créer un plus débile, ce serait également bien difficile. Le peu doué Andrew Garfield traîne sa laque et son regard vide tout au long du film. Sans surprise, il est encore plus fade qu’antipathique. Mais, on a beau le savoir par expérience, on supporte avec peine et non sans soupirs de fatigue, voire de dégoût, son incarnation du jeune ‘‘romantique’’ – dans la définition universellement reconnue par les adolescentes postpubères, poufiasses de compétition (en Gwen Stacy, Emma Stone figure remarquablement l’une d’entre elles), qui, une fois lestées de quelques kilos supplémentaires et de nombre de désillusions affectives, deviendront acariâtres en restant désespérément à leur place.
Gwen Stacy (Emma Stone) et Peter Parker/Spider-Man
Avec un tel héros, au surplus encombré de plusieurs autorités morales – son oncle Ben (Martin Sheen[1]), sa tante May (Sally Field) et, donc, le capitaine Stacy –, on se doute que cet Amazing Spider-Man ne saurait aller bien loin d’autant qu’il renonce, sans y avoir songé, à toute forme de distanciation amusée et ne fait même pas semblant de s’interroger sur les caractéristiques (les identités multiples comprises) de ceux qu’il met péniblement en scène plus de deux heures durant. Ajoutons que la réalisation du tâcheron Mark Webb, bien paresseuse à un joli tableau entoilé près, se résume à une série d’effets spectaculaires mille fois vus ou que le méchant, le professeur Connors (Rhys Ifans), seul personnage doté d’un brin de complexité, se transforme vite en énorme lézard (laid, grotesque…) et on comprendra que l’affaire est une sombre catastrophe. A ce degré de nullité, possède-t-elle la moindre qualité ? Peut-être celle de nous faire amèrement regretter la trilogie Spider-Man (2002, 2004 et 2007) de Sam Raimi qui, avant de s’épuiser, était agréable, maligne et parfois fine. Malgré ses incontestables lourdeurs, elle semblerait presque du calibre de celle du Parrain (Francis Ford Coppola, 1972, 1974 et 1990) à côté de ce qui nous est ici proposé…
Spider-Man
Antoine Rensonnet
Note d’Antoine Rensonnet : 0
Note de nolan : 1
The Amazing Spider-Man (Mark Webb, 2012)
[1] Oui, Martin Sheen, le génial capitaine Willard, d’ Apocalypse Now (Francis Ford Coppola, 1979) qui s’égare ici en prononçait une somme étourdissante de banalités bien-pensantes. Il serait quand même temps de fonder un réel système d’aide social pour permettre aux ex-stars en perdition d’en finir dignement.
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