The American
Le film de Anton Corbijn raconte l'histoire, bien connue des spectateurs, du tueur à gages confronté à ses associés qui pensent que la retraite à 50 ans, c'est possible mais avec une balle dans la tête du retraité. Solution radicale et économique mais qui ne fait pas l'unanimité. Le film, sobre et rigoureux, est un bon moment.
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Geroge Clooney
poursuivi par des enfants de choeurs
On ne pourra pas dire que la critique et le public s’enthousiasment pour la sortie de The American comme ils le firent avec le premier film du réalisateur Anton Corbijn (Control, 2007). Rien de négatif non plus mais le film semble souffrir d’un manque d’originalité dans le sous-genre du film de tueur. En référence absolue, le Samouraï de Jean-Pierre Melville (1968) a inspiré ces dernières années de nombreux auteurs, le plus brillant étant Jim Jarmush avec Ghost Dog (1999) et The Limits of Control (2009). L’histoire du tueur professionnel qui veut raccrocher et qui lutte en vain contre les éléments figure un excellent support pour de très bons et nombreux films : l’action avec par exemple la Mort dans la peau (Paul Greengrass, 2004), la comédie avec Bons baisers de Bruges (Martin McDonagh, 2008) et bien d’autres (Bittersweet Life de Kim Jee-Woon en 2004, The Killer de John Woo en 1989,…). Ainsi The American serait un film de tueur à gages de plus, ni bon ni mauvais. Ce n’est pas faux mais c’est tout de même injuste.
D’abord, il existe une quantité non négligeable de très mauvais films de tueurs plutôt bien reçus par le public et notamment les balourdises que sont Nikita (1990) et Léon (1994) de Luc Besson ou chez les Américains, le catastrophique Assassins de Richard Donner (1995). L’œuvre du Néerlandais est clairement au-dessus. Ensuite il faut reconnaître au film de nombreuses qualités qui font du métrage de la belle ouvrage. C’est aussi toute la question du film, un bon artisan est-il un artiste ? C’est que Jack le tueur (George Clooney) se lie d’amitié avec un prêtre (Paolo Bonnacelli) qui lui fait remarquer qu’il a des mains d’artisan, surprenant de la part d’un photographe, métier que prétend faire l’homme de main. Et l’on voit ensuite avec quelle minutie et dextérité, Jack confectionne un nouveau type d’arme, entre créateur et technicien pointu. De la très belle image aux tons bleu et orangé qui rappelle le travail du photographe que fut Anton Corbijn pour les groupes de rock (et notamment Depeche Mode) à l’excellente direction d’acteurs, The American est le fruit d’un travail minutieux. Clooney est encore une fois remarquable (heureusement puisque le film ne le quitte pas d’une semelle à l’exception – regrettable – de courts passages de point de vue de la tueuse – Thekla Reuten). Alors le film réussit-il à jouer avec les codes ? Pas vraiment mais il se permet quelques écarts et notamment la très efficace scène liminaire qui place les enjeux psychologiques qui vont construire le personnage (paranoïa et amour impossible) en offrant une (petite) surprise lors de sa conclusion ou à l’image du prêtre qui n’est pas exempt de péchés – et ce bien que la présence de ce personnage soit, selon moi, une maladresse puisqu’il est avant tout là pour tenir la main du spectateur et clarifier les enjeux moraux,.
Pour conclure, la mise en scène sobre et rigoureuse, garde l’attention du spectateur qui connaît déjà l’histoire mais qui s’y replonge avec un plaisir certain. Il faudra peut-être attendre encore un peu pour savoir si Corbijn est un bon artisan ou un vrai artiste.
nolan
Note de nolan : 3
The American (Anton Corbijn, 2010)
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