The Dictator
Que vaut donc la dernière parodie de Sacha Baron Cohen ? Pas grand-chose comme on pouvait s’en douter ? Un petit plus que cela en fait. Allez, disons que ça lasse et ça passe.
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L’amiral Aladeen (Sacha Baron Cohen)
Sans aucune surprise, The Dictator repose sur un principe simple (que Sacha Baron Cohen a désormais plus qu’éprouvé) : faire rire de ce dont on ne devrait pas rire dans une société bien éduquée. Principe d’ailleurs directement affiché puisque nombre de dialogues tournent autour de l’idée de ce qui est drôle et ne l’est pas pour un Américain. Ne jouons pas les vierges effarouchées et avouons que, souvent, ça marche. Mais cet étalage de blagues régressives, à forte dominante scatologique, finit aussi par lasser d’autant qu’il ne choque guère… On pourrait en rester là et conclure en taxant le film de comédie médiocre, bien éloignée de son modèle revendiqué, le célèbre Dictateur (1940) de Charlie Chaplin. Or, l’œuvre de Sacha Baron Cohen et de Larry Charles, sans être d’une grande qualité, tient bien ses quelques quatre-vingt minutes. En effet, le meilleur gag – et de loin ! – se révèle structurel. Le personnage du dictateur de l’Etat moyen-oriental de Wadiya, l’amiral Aladeen (Sacha Baron Cohen), est rapidement installé avec ses traits folkloriques attendus (inculture, imbécillité, goût du sang, antisémitisme, mégalomanie…). Et, malgré ses multiples défauts, il apparaît plutôt sympathique. Aussi quand il perd le pouvoir, renversé par un oncle félon (Ben Kingsley) qui le remplace par un double débile mental, le spectateur n’a qu’une envie : qu’il le récupère. Ce sera l’enjeu et le moteur d’un film qui parvient, en bout de course, à s’en tirer avec les honneurs. La fin, un brin perverse, est réussie, The Dictator parvenant in extremis à s’extirper de l’eau de rose dans lequel il menaçait de se noyer. L’ennuyeuse romance entre Aladeen et la militante droit-de-l’hommiste Zoey (Anna Faris) acquière un sens, l’aveuglement terminal de cette dernière fournissant peut-être le moment le plus savoureux de l’ensemble. Au-delà, le résultat est pour le moins inégal mais laisse penser que Sacha Baron Cohen, malgré la réalisation sans inventivité de son complice Larry Charles, a peut-être un avenir dans le cinéma classique. S’il arrête le saupoudrage potache et préfère la construction rigoureuse. S’il cesse également de concevoir ses films comme les ultimes maillons, à peine plus importants que les nombreux autres, de longues (et parfois habiles) campagnes de communication. Des défis qu’on le pense, sans véritable certitude, capable de relever…
L’ingénieur atomiste Nadal (Jason Mantzoukas) et l’amiral Aladeen
Antoine Rensonnet
Note d’Antoine Rensonnet : 2
Note de nolan : 2
The Dictator (Larry Charles, 2012)
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