The Expendables : humour, année zéro.
Le dernier film de Stallone est d'une désolante nullité et vient nous rappeller que le deuxième degré se manipule avec soin. Au programme : des machos du troisième âge à l'auto-dérision desespérante. Nous ne te disons pas merci, Sly.
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Réflexions pointues sur films obtus
En mer; un cargo plein de dangereux terroristes qui détiennent des otages, on devine à leur langage qu'ils sont Arabes (danger) mais en fait, nous découvrons que ce sont des Noirs (super danger, il ne s'agit pas de rappeurs, ce sont des Africains) !! Mais c'est pareil. Ils ont demandé 5 millions de dollars mais les Américains ont refusé (tension maximale). Tout à coup, des mercenaires interrompent les réjouissances. Ils ont 3 millions pour sauver les otages. Mais le terroriste refuse l'offre. Les mercenaires tuent tout le monde. Nous revoilà donc plongés dans les films réactionnaires des années 80 où l'Amérique se venge par films interposés des atrocités que les innocents subissent. Les expendables sont de violents loulous mais de bons amis fidèles. Malheureusement pour nous.
Jason Statham prépare une vanne écrite par Stallone
Le dernier Rambo réalisé et interprété par Sylvester Stallone en 2007 marchait parce que la violence gore, sauvage et exutoire faisait basculer le film dans l'abstraction et achevait de transformer Rambo et son interprète en monstre dont l'existence ne se justifiait que dans la boucherie vengeresse. Grâce à son absolu premier degré et un message politique à peine traité (l'ONG sauvé par Rambo ne se salit ni les mains, ni la conscience puisqu'il fait tout le boulot), le résultat était amusant. Stallone multipliait les scènes de torture, de tentative de viol qu'il interrompait à coup de couteau, de mitraillette voire d'arrachage de trachée à la main. Cet aspect expérimental ne pouvant pas être réédité et, il faut bien l'admettre, le cinéaste n'ayant qu'un talent très limité, il fut décidé de prolonger la mise en abyme de l'acteur en revenant à la longue série de navets qu'il a tourné durant les décennies 80 et 90 avec du second degré pour éviter les huées ou, pire, l'indifférence. Et pour cela, Stallone a convoqué quelques figures passées du film d'action : Jet Li, Dolph Lundgren, Bruce Willis et Arnold Schwarzennegger. Les deux premiers ont des rôles qui renvoient à leur carrière hollywoodienne. Jet Li est tourné en ridicule (il s'appelle Yin Yang ! Et pourquoi pas Tching Tchong) comme il le fut dès qu'il posa le pied à Los Angeles. Lundgren supplie pour rester dans l'équipe comme il a du galérer devant les producteurs pour être embauché dans d'obscurs direct-to-video. Les deux derniers font une furtive apparition absolument ridicule et assez représentative du film. Non seulement la scène est un gros clin d'œil tellement appuyé que c'en est embarrassant, mais les vannes que se balancent les papys du film d'action sont complètement lamentables. Et des blagues, des vannes, des saillies, des regards interloqués, il y en a plus que de coups de feu. Seulement, le film n'est pas drôle, pas une seconde, pas une demi seconde, il est risible. Sylvester Stallone ne manipule pas l'humour. Même pas un petit peu. Il n'a pas avec ses bourrins la causticité de Tarantino avec ses bâtards mais n'arrive pas non plus à la potacherie de Robert Rodriguez dont il a pourtant pompé pas mal d'éléments de Desperado 2 (2003). Ainsi, l'équipe des expendables (les seconds couteaux) accepte la mission de tuer un dictateur sud-américain. Mais en fait, le dictacteur sud-américain n'est pas si méchant car il peint (comme Hitler qui était assez sympa quand on y pense) et a une fille à l'opulente poitrine qui défend la liberté (mais contrairement au film de Rodriguez, elle ne joue pas double-jeu). Mais surtout, il y en a un plus méchant : un mec de la CIA qui contrôle tout et qui utilise les méthodes américaines de torture (c'est pour l'auto-critique un brin démagogique). Il se fera bien buter à la fin heureusement ce salaud qui tue même le dictateur peintre (quel sans cœur). Et puis il y a des moments aussi sérieux que navrants dans ce film : le pauvre Jason Statham joue le renouveau de l'actionman. De retour en mission il constate que sa petite amie l'a trompé car elle aime trop Jason qui lui manque et elle est faible (c'est normal c'est une femme). Il voit au premier regard que son nouveau mec est un connard. Et alors qu'il revient un mois plus tard pour prendre des nouvelles, il découvre que son ex-petite amie se fait battre. Elle l'a sans doute mérité mais comme l'explique un peu plus tard le mec de la CIA, quelqu'un de bien éduqué ne frappe jamais une femme. Alors Jason ira casser la gueule au mec. Et la fille aura bien retenue la leçon : mieux vaut un motard dégarni et violent qu'un basketteur avec des cheveux mais qui n'a encore jamais tué personne. C'est encore plus triste pour Mickey Rourke qui n'a jamais été une star de film d'action, qui tremble de partout et qui se voit offrir une scène d'actor studio d'un vide abyssal.
nolan
The Expendables (Sylvester Stallone, 2010)
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