The Murderer
The Murderer est un thriller coréen découpé en deux parties distinctes. La première, très réussie, se veut une radiographie sociale des Joseon-Jok, la seconde, trop longue, est une course effrénée et violente pour la survie du héros.
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A Yanji, ville chinoise de la Préfecture de Yanbian, coincée entre la Corée du Nord et la Russie, vivent quelques 800 000 Joseon-Jok, des exilés coréens. Gu-nam (Jung-woo Ha), chauffeur de taxi criblé de dettes, est, depuis six mois, sans nouvelles de sa femme à qui il a payé un visa pour qu’elle aille chercher du travail en Corée du Sud. Myun (Kim Yun-seok), un parrain local, lui propose de l’aider à passer en Corée pour retrouver sa femme et même de rembourser ses dettes de jeu (parce qu’en plus il joue). En contrepartie il devra assassiner un inconnu. Gu-nam accepte.
Hong-jin Na découpe son film en deux parties distinctes. La première se veut une radiographie sociale des Joseon-Jok, de leurs difficultés économiques en présentant les organisations criminelles qui se sont développées. Gu-nam imagine déjà que sa femme est partie avec un autre (on ne cesse de lui répéter qu’elle le trompe), qu’il ne la reverra plus. Aussi, le meurtre qu’il doit commettre ne semble pas lui poser un réel problème moral tant il est absorbé par la recherche de l’amour de sa vie. Mais par un coup du sort, le meurtre qu’il finit par préparer minutieusement (sa fille encore en Chine est menacée) ne va pas se dérouler comme prévu. Jusque-là, la mise en scène, qui a pris le temps de mettre les éléments en place, n’a souffert d’aucune baisse de rythme et a laissé le spectateur se prendre de sympathie pour ce loser peu loquace et dépressif. La complexité de l’environnement s’intègre parfaitement à l’intrigue comme dans le meilleur cinéma de Ken Loach, le tout sans fioritures mais avec un style visuel marqué.
Jung-woo
Ha
Dans la seconde partie, tout dégénère et s’agite, le film devient sanglant, nettement plus violent, son montage se serre, les poursuites s’accumulent au point qu’elles semblent n’en former qu’une très longue, sans aucun doute trop, qui transforme Gu-nam en chien errant et luttant pour sa survie – on pense alors au récent Essential Killing (Jerzy Skolimowski, 2010) – mais qui décide, dans un dernier geste, sachant sa fin inéluctable, de connaître le fin mot d’une histoire qui a transformé le meurtre d’un professeur de judo en guerre des gangs. Peu de flingues (à l’exception d’une balle tirée par une police complètement dépassée) et beaucoup d’armes blanches. Ce qui donne lieu à quelques coups de haches, de couteau, avant de passer au marteau – Old Boy (Park Chan Wok, 2003) est explicitement cité – et à la grosse clé de mécanicien. Tout cela est assez amusant, nous nous cachons un peu les yeux, mais devient rapidement épuisant. Aussi, cette partie moins ambitieuse dans son propos aurait peut-être méritée d’être raccourcie afin de conserver sa brutalité. Surtout, la conclusion – sans en révéler les éléments, disons que les préoccupations conjugales de Gun-Nam sont également primordiales pour les puissants mafieux – nous échappe quelque peu tant elle semble faire perdre de son efficacité à la montée de violence. De même, la pirouette en fin de générique apparaît comme une concession faite au spectateur parfaitement inutile.
Mais ne boudons pas notre plaisir, si le film souffre de sa longueur, il reste un excellent produit, un thriller spectaculaire mettant en exergue des préoccupations sociales sans négliger son aspect divertissant.
nolan
Note de nolan : 3
The Murderer (Hong-jin Na, 2011)
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