The Town
Ce n’est pas parce qu’on s’inspire de grands réalisateurs américains que l’on fait un bon film. Le long métrage de Ben Affleck est un parfait exemple tant en copiant les Eastwood, Mann et consorts il tourne à vide, et est à peine sauvé par de toniques scènes de braquage.
A Boston, braqueur de fourgons fait partie des branches professionnelles un peu bouchées mais toujours porteuses. Aussi Doug Mc Ray (Ben Affleck) et son beauf, Jem (Jeremy Renner) font preuve d’une grande dextérité dans ce domaine. Sauf que Doug tombe fou amoureux de la directrice de banque Claire Keesy (Rebecca Hall) qu’ils avaient pris en otage le temps de s’enfuir. C’était une idée de Jem qui n’a en généralement que de mauvaises. Et même si les braqueurs la relâchent saine et sauve (elle n’a pas vu leur visage), habitant près de chez eux, elle fait l’objet de surveillance. Evidemment Doug se porte volontaire, flirte et finit dans le lit de Claire – qui ne se doute pas une seule seconde de la véritable identité de son prince charmant – au terme d’une romance lourdaude sur fond de lutte des classes (elle diplômée venant de la bourgeoisie, lui pauvre sportif). Pendant ce temps là, le FBI est sur le coup et Adam Frowley (Jon Hamm), inspecteur de choc avec sa tronche de Gary Cooper, roule des yeux ou regarde autour de lui car il est malin. D’ailleurs, c’est l’ensemble du casting – très souvent filmé en gros plan – qui roule des yeux ou regarde à droite à gauche pour exprimer l’angoisse ou la concentration. Tous ? Non ! Ben Affleck est expressif comme une caisse en bois. Pas de roulage des yeux malgré les gros plans. Et Jeremy Renner, pourtant doté du rôle du petit nerveux indomptable, la joue plutôt sobre. A tel point qu’il réussit à rendre son personnage clichetonneux très inquiétant.
De Ben Affleck réalisateur, on n’attendait pas grand-chose, voyant les limites de son premier long, le sympathique Gone Baby Gone (2007), mais en mettant en avant ses influences (Michael Mann, Clint Eastwood et James Gray) sans trop savoir quoi en faire, non seulement l’ennui pointe le bout de son nez mais qui plus est, le spectateur est tenté de faire la comparaison au très net désavantage de l’acteur-réalisateur et se laisse aller à penser qu’il n’a guère les moyens de ses ambitions.
Tout n’est pas nul dans ce film, car les scènes d’actions sont très vivifiantes. Trois braquages (ouverture, milieu et fermeture du film) viennent réveiller le spectateur. Trois braquages qui se passent de plus en plus mal et que l’on suit avec un réel plaisir. Affleck utilise très bien les espaces restreints (notamment dans la course poursuite au milieu du film) et rend les lieux étouffants pour améliorer le suspense.
Le film offre aussi une petite sucrerie à tous ceux qui auraient préféré que De Niro ait le temps de tuer le traître et de s’enfuir avec sa copine avant que Pacino arrive dans Heat (Michael Mann, 1995) ou que Sterling Hayden puisse partir avec l’argent dans L’Ultime Razzia. Ainsi (spoiler !), Doug tue les méchants, laisse un mot à Frowley (go fuck yourself ; ça valait la peine de risquer sa planque), cache de l’argent pour sa dulcinée et s’enfuit pépère en Floride. J’aurais personnellement préféré que Doug se fasse attraper, que Jem tire une balle dans les fesses de Frowley, viole la bourge, et tue les méchants avant d’acheter pour 3 millions de dollars de coke et de mourir d’une overdose en Floride pour que tout le monde continue à se demander où il est.
nolan
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