Top 5 des films d’Eric Rohmer
Faire un top des films d’Eric Rohmer est un exercice, a priori, assez difficile tant l’ensemble de son œuvre apparaît comme un entrelacs de variations subtiles autour de motifs récurrents. Mais, pour la première place, Ma nuit chez Maud sonne tout de même comme une évidence absolue.
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Affiche de Ma nuit chez Maud (1969)
1) Ma nuit chez Maud (1969)
2) Conte d’été (1996)
3) Triple agent (2004)
4) Conte d’hiver (1992)
5) Le Genou de Claire (1970)
Affiche de Conte d’été (1996)
L’exercice, classique ici, « correct, ridicule et charmant »[1] comme disait Paul Verlaine à propos d’un « jardin de Lenôtre », du top s’avère assez ardu, plus qu’à l’habitude peut-être, dans le cas d’Eric Rohmer. En effet, le cinéma de celui qui fait figure de patriarche de la Nouvelle Vague et en est sans doute le réalisateur le plus original (loin) derrière Jean-Luc Godard, semble fonctionner par variations et creusements successifs autour de thèmes et de motifs récurrents. Et toujours, ce qui explique sans doute qu’elles nous apparaissent si légères, faciles, agréables et même « accrocheuses », ses œuvres laissent une place centrale aux si brillantes conversations entre les personnages – au point que le spectateur aimerait pouvoir entrer dans le film pour y participer. Aussi, badinage, marivaudage et réflexions semblent-ils, même s’ils ne réduisent pas seulement à cela, d’abord devoir passer par l’épreuve de la verbalisation. Et pourtant, malgré cette forme commune à la quasi-totalité de ses films, jamais ils ne lassent ou ne semblent virer au simple exercice de style. Mais donnons donc notre classement puisque c’est cela que l’on se propose de faire.
Affiche de Triple agent (2004)
Tout, d’abord, comme une évidence, Ma nuit chez Maud. Avec le Pari de Pascal et son instant magique de stase entre un homme (Jean-Louis Trintignant) et une femme (Françoise Fabian), le film nous apparaît comme l’œuvre-clef du cinéma rohmérien, renfermant presque à elle seule son principe et son essence. On reviendra bientôt sur ce chef-d’œuvre.
Affiche de Conte d’hiver (1992)
Ensuite Conte d’été, sans doute parce qu’il s’agit du premier Rohmer découvert (totalement par hasard) et que c’est là que nous sommes tombés sous le charme de ce cinéma si particulier que l’on nous avait (stupidement) présentés comme exigeant (non, vraiment pas ; peu de films sont aussi reposants que ceux de notre auteur). Triple agent complète le podium. L’avant-dernier film du maître montre qu’à force de jouer avec les mots, on risque fort de s’y perdre. Conte d’hiver occupe la quatrième place. Dans ce film, le Pari de Pascal fait son retour – sous une forme amoureuse, la meilleure sans nul doute. Et puis, pour finir, Le Genou de Claire, puisque si, dans cette œuvre comme dans les autres, le spectateur se laisse emporter par les dialogues, lui est tout de même rappelé l’importance de la mise en scène. Celle-ci, pour être assez effacée, n’en est pas moins extrêmement rigoureuse, si ce n’est exceptionnelle. Ici, la façon de filmer toute la beauté des Alpes ou le frôlement, chargé d’un érotisme infini, de la main de Jérôme (Jean-Claude Brialy) sur le genou de Claire (Laurence de Monaghan) nous le montrent fort opportunément.
Affiche du Genou de Claire (1970)
Antoine Rensonnet
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