Toy Story 3
Le troisième Toy Story et un nouveau film Pixar ; on est désormais habitué à la mièvrerie des idées et à la grande qualité visuelle des productions de ce studio – désormais lié à l’empire Disney. Ce nouvel opus n’échappe pas au défaut et conserve la qualité de ses prédécesseurs. Et, si l’on est bien disposé, on y verra une réussite.
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Buzz l’éclair et le cow-boy Woody
Avant de découvrir un nouveau film des studios Pixar, on est toujours à peu près sûr de deux choses. La première est fortement négative. On sait que l’opus sera encombré d’un sous-texte absolument transparent – c’est-à-dire qu’en le comprenant le spectateur aura l’impression d’être intelligent alors que, au contraire, il n’est pas loin d’être pris pour un parfait imbécile… – soit qu’il exprime des banalités sans nom (Le Monde de Nemo de Andrew Stanton et Lee Unkrich en 2003 et sa représentation du passage à l’âge adulte) soit qu’il exalte des valeurs certes incontestables mais avec une extrême mièvrerie (la tolérance dans Ratatouille de Brad Bird en 2007). Ce troisième volet de Toy Story (dû à Lee Unkrich après ceux de John Lasseter en 1995 et de John Lasseter, Ash Brannon et Lee Unkrich en 1999) ne fait pas exception à la règle – en vérité, seul Les Indestructibles (Brad Bird, 2004) y échappait partiellement – et revient , comme son prédécesseur, sur le sort difficile de ces jouets destinés à être abandonnés par les enfants qui grandissent alors que, parallèlement, le film nous vante l’amitié, la solidarité, la fidélité voire – c’est dommage mais c’est comme cela – la nécessité de la famille (par contre la représentation des histoires d’amour entre jouets sont toujours le prétexte d’agréables digressions comiques). L’obligatoire happy end, sommet de guimauverie, confirmera cette assez détestable impression.
Mais le second point également certain – et qui fait que, malgré tout, on revient – reste la remarquable qualité visuelle de ces films sans équivalent dans l’animation depuis une quinzaine d’années. Là encore, ce nouveau Toy Story confirme et éblouit le spectateur par ses prouesses techniques et l’on remarquera que l’utilisation de la nouvelle mode de la 3 D se fait – au contraire du lamentable Alice aux pays des merveilles (Tim Burton, 2010), seul film mobilisant cette technique que j’avais vu jusqu’à présent – à très bon escient. Ainsi, elle est très légère mais apporte beaucoup dans l’incroyable séquence située dans la décharge qui constitue le sommet plastique du film et un grand moment d’esthétique cinématographique – d’autant que le réalisateur y joue habilement du suspense – tout court.
Au-delà de cela qui implique déjà que le film ne sera ni un chef d’œuvre, ni un mauvais film, que retenir ? Et bien, disons, que ce Toy Story 3 est plutôt un bon Pixar dans la mesure où le rythme reste constamment élevé (ce qui n’était pas le cas dans Cars de John Lasseter et Joe Ranft en 2006) et que l’humour fait le plus souvent mouche même si la plupart des personnages qui le portent – Buzz L’éclair, le chien Zig-Zag, le tyrannosaure, le couple de patates, le cochon-tirelire,… – étaient déjà présents dans les deux premiers volets ce qui limite nécessairement l’effet de surprise (bien que le passage où Buzz passe en mode espagnol soit assez irrésistible). Aussi l’arrivée au milieu de tous ces jouets connus du couple Ken/Barbie est-elle une bonne idée doublée, tant elle est bien exploitée, d’une incontestable réussite. Quant au scénario, il se tient et avoir transformé une garderie en régime totalitaire – notamment, et on pourra y voir une référence au Diabolique docteur Mabuse (Fritz Lang, 1960), parce qu’un singe contrôle l’espace au moyen d’écrans[1] – dominé par un ours en peluche est une bonne idée. Bref, si l’on veut bien oublier son défaut majeur – c’est une nécessité et on était prévenu – Toy Story 3 fait passer un fort agréable moment ce qui n’est déjà pas si mal.
Ran
Note de Ran : 3
Note de nolan : 3
Toy Story 3 (Lee Unkrich, 2010)
[1] D’autant que Fritz Lang – c’est un peu triste – a passé la fin de sa vie avec un singe en peluche qu’il emmenait partout.
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