Twixt
Parfois un film bien barré, ça ne fait pas de mal. Aussi, remercions Francis Ford Coppola pour le spectacle offert avec Twixt. Décadent, émouvant parfois troublant, regrettons seulement qu'il n'ait pas atteint cette fois les sommets d'intensité de son prédécesseur.
Bruce Dern et Val Kilmer
Quel drôle de casting ! Entre cet écrivain semi-raté interprété par un acteur en perdition (Val Kilmer, vraiment très bon), cette fantomatique adolescente au magnétisme indéniable (Elle Fanning, géniale) et ce flic au bord de la retraite siphonné comme un bidet (Bruce Dern, hilarant pince-sans-rire), nous naviguons dans un espace hétéroclite qui, contre toute attente, prend une consistance hybride oscillant entre le grotesque et le magnifique. Ce, au gré d’une narration qui, rapidement va s'étioler pour ne former que l’épais manteau opaque d’une brume sur le lac…
Quelle étonnante esthétique ! Francis Ford Coppola fait feu de tout bois avec sa caméra numérique : surimpressions, noir et blanc superbe troué de quelques touches colorées, 3D (mais pas pour notre séance), incrustation type Sin City (Robert Rodriguez, 2005), nuit américaine,... Mais pas de travelling ni d'amples mouvements de caméra, seuls quelques angles audacieux. Et du sang. Partout. Contre toute attente, l’ensemble prend forme. Twixt est, plastiquement, un surprenant hybride grotesque et magnifique – l’épais manteau opaque d’une brume sur le lac…
Quelle étrange histoire ! Celle d'un père ou celle de l'enfant. Celui que nous protégeons en tant que parent, celui que nous tuons à force de craindre pour sa santé – ou pour la notre. Celui que nous tuons irrémédiablement, qui finit par nous tuer et nous fait (peut-être) revivre. Ou tout simplement nous fait tout recommencer, reprendre inlassablement le chemin d'une perdition, de la disparition de soi à travers la disparition de la chair de sa chair. Et, avec le temps, se dissipe l’épais manteau d’une brume sur le lac…
Elle Fanning
nolan
Note de nolan : 3
Twixt (Francis Ford Coppola, 2011)
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