Very bad cops
On attendait beaucoup de la quatrième collaboration entre Will Ferrell devant et Adam McKay derrière. Un peu trop sans doute, car encore une fois le film, parodie de buddy movies, bénéficie d'une réalisation bien pâlichonne. Heureusement, Will Ferrell assure.
Gamble (Will Ferrell) et sa "rombière" (Eva Mendes)
Depuis Présentateur vedette : la légende de Ron Burgundy (2004), le couple Adam Mc Kay – à la réalisation – et Will Ferrel – en acteur principal – propose tous les deux ans une comédie mettant en avant des adultes qui se comportent comme d'insupportables gamins mal-élevés. A priori, cet humour régressif a tout pour devenir gonflant au bout d'une demi-heure mais c'est sans compter avec le brio de Will Ferrell qui maîtrise à merveille son personnage en ne se départissant jamais de son sérieux, restant le plus possible odieux, ringard et rétrograde. Ron Burgundy avec ses costumes, ses coiffures et les reportages sans intérêt des matinales américaines des années 70 constituait une explosion de mauvais goût très réjouissante. En déplaçant son personnage dans un autre environnement (les courses de Nascar dans Ricky Bobby, roi du circuit en 2005, la famille recomposée dans Frangins malgré eux en 2008), les gags se renouvelaient sans pour autant changer de nature. Enfin, les métrages prenaient soin de soigner le casting et d'opposer ou d'apposer à Ferrell des acteurs ayant un grand sens comique (Steve Carrel, John C. Reilly, Sacha Baron Cohen, …) et des actrices en femmes confrontées au charme irrésistible et au machisme insupportable du héros (en particulier Christina Applegate dans Ron Burgundy).
Cette fois, le duo s'attaque au buddy movie, genre de film d'action très célèbre et facile à parodier. Récemment Hot Fuzz (Edgar Wright, 2007) racontait l'histoire d'un flic à la gâchette facile et à la vie sentimentale en lambeaux (Simon Pegg) envoyé dans le trou du cul du Royaume Uni faire équipe avec un flic de campagne aussi bête que sympathique (Nick Frost). Le film drôle, quoique parfois surchargé par ses références, jouait en permanence du décalage flic dans la vraie vie/flic dans un film d'action. Very Bad Cops raconte, peu ou prou, la même chose, Terry Hoitz (Mark Walbherg) étant au placard pour avoir tirer un coup (de feu) de trop et devant faire équipe avec Allen Gamble, le pro de la compta, top ringard et trop poli (Ferrel donc). Ce sont les autres types, ceux que l'on ne voit pas à la télé (en VO, le film s'intitule The Other Guys). Et la mort des flics stars (Dwayne Johnson et Samuel L Jackson), spécialistes des courses-poursuites et arrestations spectaculaires est une opportunité pour Hoitz de devenir ce à quoi il aspire depuis toujours : un super flic. Les gags variés et répliques piquantes ne manquent pas, le film se sert aussi très bien des seconds rôles, notamment du chef de la police (Michael Keaton, bien inspiré) et de la femme de Gamble (Eva Mendes, très sensuelle) pour donner lieu soit à d'hilarantes situations, soit à un regard interloqué qui se finit par un sourire devant tant de ridicule. Mais comme les autres films, la réalisation vraiment faiblarde l'empêche de hausser le niveau et surtout Very Bad Cops laisse apparaître des défauts que les précédents opus n'avaient pas. D'une part, le film s'inspirant de films d'actions, les cascades spectaculaires ne manquent pas et cherchent à en mettre plein les yeux aux spectateurs. Pourtant, elles sont toutes illisibles, mal montées avec une mauvaise utilisation de la musique. Ainsi, on assiste vers la fin à une fusillade dans un bureau qui fait passer Michael Bay pour Orson Welles. Ces scènes ont, qui plus est, le défaut de casser le rythme alors qu’elles devraient l’augmenter. D'autre part, le film se fend d'une légère critique sur le monde financier. En gros, il n'y a pas que les dealers de drogue dans la vie, il y a pire : il y a Bernie Madoff (le méchant incarné par Steve Coogan s'inspire du célèbre escroc). On ne peut s'empêcher alors de penser à la série The Wire et ses malversations financières (il y a même une référence à un personnage de la série, McNulty – Dominic West –, puisque Hoitz se retrouve simple flic en uniforme et bien plus heureux dans sa vie). Sauf que le film n'a absolument rien à dire sur ce thème et si l'idée est un peu originale, elle n'est aucunement exploitée.
Will Ferrell incarne une fois de plus un personnage au charme irresistible,
ici harcelé par son ex Christineth (Nathalie Zea)
Heureusement, si le personnage de Will Ferrell a des allures un peu plus sympathiques que d'habitude, Gamble est odieux avec sa femme, pique des crises et cache un passé tumultueux dont les réminiscences le remplissent d'une suffisance ordurière et d'une perte de contrôle de soi. Et son speech sur les thons et les lions qui se mangent entre eux feraient passer les frères Bogdanov pour des scientifiques. Les meubles sont sauvés.
nolan
Note de nolan : 2
Very Bad Cops (Adam Mc Kay, 2010)
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