Young Adult
Jason Reitman n'est pas un réalisateur apprécié sur De son cœur, mais nous avons laissé une chance à Young Adult pour trois raisons : Charlize Theron, le sujet et le retrait prématuré de l'affiche de Les Pirates ! Bons à rien, mauvais en tout de Peter Lord.
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Charlize Theron
De Jason Reitman, nous n'avons vu que l'insupportable Juno (2008), un vrai film moralisateur qui distribue bons et mauvais points sous couvert d'iconoclasme, et nous avons lu la critique peu amène de In The Air (2009) de notre acolyte. Mais nous notions tout de même une certaine progression : Antoine soulignait le rythme et la bonne partition de Clooney en homme cynique et sûr de lui. Et puis, il faut bien le reconnaître, il y avait dans l’océan de puritanisme de Juno, quelques – pas beaucoup – bons moments de comédie. Enfin, la bande-annonce de Young Adult était assez séduisante : Mavis (Charlize Theron, sublimissime), une écrivaine ratée, aigrie et sentant sa jeunesse se faner revient séduire son premier amour, Buddy (Patrick Wilson) dans sa ville natale peuplée de blaireaux qu'elle abhorre. Problème : il est marié et papa. Et surtout, à la vision du film, il apparaît nettement que Jason Reitman et sa scénariste Diablo Cody (déjà à ce poste pour Juno) ont envie de tordre de le coup au cliché qui veut que les vrais gens, les petites gens des petites villes, avec le bonheur bien simple valent bien mieux que les métropolitains pressés, riches mais seuls.
Seulement, les moments de pure méchanceté que nous étions en droit d'attendre n'interviennent que par bribes et figurent presque tous dans la bande-annonce. Alors il y a bien ce dialogue final, au bord du cynisme, vraiment cruel mais dont la réussite fait ressortir la grande faiblesse du film : Mavis n'est jamais confrontée à sa propre vacuité. Elle ressort même grandie de ce moment, ce qui apparaît surprenant au regard de l’heure et demie qui précède. Sans le vouloir sans doute, la morale reitmanienne devient la suivante : quand on a une vie de merde, rien de tel que d'aller voir des gens pires que nous pour se remonter le moral. Mais le film ne dispose pas de l'insolence nécessaire qui lui autoriserait une telle conclusion et on sent que, au delà de l'idée d'aller – fort légèrement – à contre-courant, l'oeuvre tourne à vide.
Quant au personnage de l'handicapé (Patton Oswalt), il se révèle complètement foiré oscillant entre gardien du temple (il ne veut pas que Mavis brise le mariage de Buddy – pourquoi ? Il le connait à peine), quota pour se soulager la conscience (Mavis lui fera quelques papouilles), et confident pour exposer les sentiments de l'héroïne.
Il y a tout de même un très bon choix de casting : fort bien filmée, Charlize Theron est resplendissante mais crédible en alcoolique désabusée. Nous conseillerons cependant, sur un sujet assez proche, le Greenberg (2009) de Noah Baumbach. Ben Stiller y est certes beaucoup plus moche mais le film fait bien plus souvent mouche.
Charlize Theron
Note de nolan : 1
Young Adult (Jason Reitman, 2011)
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