Gatsby, le Magnifique
Eprouvante, épuisante même, cette nouvelle version de Gatsby le magnifique par Baz Luhrmann. Et que se cache-t-il derrière cet inutile trop-plein ? Le vide, seulement. Volontaire, peut-être pas, inévitable sans doute.
Gatsby le magnifique (Baz Luhrmann, 2013)
Ce film n’est qu’une boursouflure. Voulant inventer la vibration fantasmée du New York des années folles, Baz Luhrmann épuise littéralement dans la première heure de son Gatsby le magnifique. Chaque raccord est une épreuve, chaque mouvement de caméra une agression. Quand, enfin, cela se calme un peu, que l’histoire commence réellement, il ne peut plus vraiment être question de s’y intéresser, la seule priorité étant de soigner cette nausée qui a monté sans cesse. On ne perd pas grand-chose du reste tant cette seconde partie, même vue de loin, semble, elle aussi, bien peu enthousiasmante. Trop mièvre et trop didactique, a priori. Le personnage de l’omniprésent narrateur, Nick Carraway (Tobey Maguire), est pour beaucoup dans cette triste impression. Mais comment percer les secrets d’un Jay Gatsby (Leonardo DiCaprio), si peu fascinant au demeurant, et les ressorts de son amour pour Daisy Buchanan (Carey Mulligan) sans tout expliquer point par point ? Baz Luhrmann est piégé par l’outrance de son dispositif esthétique initial qui lui interdit toute plongée vers l’intime. On rétorquera que c’est justement l’enjeu du film – dérivé directement de celui du livre de F. Scott Fitzgerald – que de percer de très imposants écrans de fumée ? Alors, il échoue, c’est tout. Et finit par ennuyer après avoir exténué (il continue d’ailleurs, sur un rythme certes moins destructeur, en s’autorisant de nombreuses nouvelles séquences ‘‘endiablées’’…). Il ne suffit pas d’en faire beaucoup trop, d’un côté, et de doubler grossièrement le spectateur pour s’assurer de la continuité de la narration, de l’autre. C’est une double facilité.
Antoine Rensonnet
Note d’Antoine Rensonnet : 1
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