Grand Central
Une histoire d'amour adultère dans une centrale nucléaire. Pas grand-chose de nouveau dans cette romance mais le drôle de choix de cadre et le couple constitué par Léa Seydoux et Tahar Rahim sont de très convaincants atouts.
Il serait aisé de voir une forme de condescendance chez la cinéaste à vouloir raconter son histoire d'amour adultère dans un milieu qui n'a rien de romanesque, pire, chez des pauvres gens dans un décor dégoûtant (une centrale nucléaire). Mais Rebecca Zlotowski arrive plutôt bien à intégrer la passion amoureuse dans un milieu social qu'elle décrit sans trop d'afféterie. Tout simplement parce que ce cadre nucléaire est une adéquate métaphore des sentiments qui animent les protagonistes. Il permet aussi d'instaurer un double suspense chez le cocu Toni (Denis Menochet) qui fait face aux doutes qui l'étreignent et à l'extrême danger qui le guette (il nettoie les « cuvettes » de la centrale). De même, la petite communauté qui se forme (des employés d'une entreprise sous-traitante d'EDF) constitue un monde dans le monde, une sorte de contre-société pour exclus, un havre de paix où le poids du passé (familial, judiciaire…) disparaît. Cependant, semblant hésiter entre élagage et développement, Zlotowski ne sait parfois pas bien quoi faire de certains personnages secondaires (notamment Tcherno – Johan Libéreau – et Isaac – Nahuel Perez Biscaryat) et les couples qui valsent autour de celui formé par Gary (Tahar Rahim) et Karole (Léa Seydoux) n'ont pas droit à un traitement identique. Mais le drôle de manège entre Gary, Karole et Toni, lui est réussi. Léa Seydoux, en femme infidèle, sensuelle et tourmentée, est la « dose » (le taux de radiation que l'on ne doit pas dépasser) de Tahar Rahim qui n'était jamais tombé amoureux. Ces amants nous ont paru très convaincants.
nolan
Note de nolan : 2
Grand Central (Rebecca Zlotowski, 2013)
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